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«Are you happy ?» « Yes, thank you, this is a beautiful question. My happiness is about life, not about gender». C’est par cette phrase prononcée dans le film « Fake orgasm », que l’approche et la philosophie de Lazlo Pearlman sont résumées.
Une vie de performeur, activiste et enseignant dédiée à la rupture d’avec les préjugées, les idées reçues et les dogmes concernant le genre et le sexe.
Le corps de Lazlo est un corps queer, qu’il utilise pour porter son message de libération des contraignantes normes de genre. La rencontre avec Lazlo Pearlman est chargée d’émotions ; d’une part son corps, impossible à encadrer ou étiqueter comme l’exige l’hétéronormativité ; d’autre part son attitude, sa façon d’aborder les gens et de les faire entrer dans un autre monde. Même si ses performances ont l’effet d’une bombe, Lazlo provoque l’explosion par la douceur, les sourires, l’ironie et la tendresse. Les bombes qu’il fabrique ont le parfum des fleurs et le poids des plumes. Lazlo ne fait pas irruption dans la tête des gens, il gratte à leur porte et demande doucement la permission d’entrer. C’est pour cette raison que son travail est si bouleversant, si fort, si touchant. Il fait tomber toutes nos réserves, tous nos préjugés, toutes nos idées reçues sur les « femmes » et les « hommes ».
Ce qu’il arrive à transmettre avec ses performances(1) ce n’est pas le rejet et la peur pour un corps hors-norme, mais plutôt la liberté d’habiter un corps qui sort des binarismes, de la dualité. Son charme réside dans l’impossibilité de le définir. Son corps musclé, ses tatouages, son sourire charmant, l’intensité de son regard, sa tête rasée et sa chatte épilée poussent les gens qui le rencontrent et qui assistent à ses performances à laisser de côté la plupart des idées reçues sur le genre et le sexe.
En regardant ses performances et ses strips sur scènes, on est tenté de fermer les yeux et de les rouvrir juste après pour être sûr que ce qu’on voit est bien réel ; cette prise de conscience déclenche un vrai « tremblement de terre », qui laisse entendre la rumeur de nos certitudes qui s’écroulent. Mais en observant les décombres de nos constructions sur le genre et le sexe, on n’a pas envie de pleurer ; on a juste envie de respirer cet air nouveau, cette bouffée d’oxygène qui se libère dans l’air.
Et à ce moment-là, la question qu’on a envie de lui poser n’est plus : « Es-tu un homme une femme ? », « Es-tu hétéro ou homo ? ». On a juste envie de lui demander « Veux-tu devenir mon pote ? »…
FAKE ORGASM (di Glenn Le Gal)
Dans un cabaret, un homme vêtu de paillettes présente les participantes à un concours. Sur scène, seule au micro, des femmes sont invitées à prendre la parole, pour expliquer leur choix de participer à ce concours de « faux orgasme ». Dans une ambiance joyeuse, sous les encouragements, se succèdent plusieurs femmes, qui disent dans quel contexte et pourquoi elles simulent l’orgasme. Puis elles partagent avec le public leur performance sous les applaudissements. L’animateur de cet étrange spectacle est Lazlo Pearlman, et si le début de ce film peut en perturber plus d’un.e, on comprend rapidement le sens de cette scène d’ouverture. En effet, le film nous plonge dans la vie de performeur de Lazlo, ses différents spectacles, ses doutes, sa démarche politique et artistique, ainsi que ses coups de gueule.
Et le premier coup de gueule, nous le découvrons lors d’une discussion agitée avec la performeuse et activiste feministe Maria Llopis(2). Elle interroge sa démarche, lui reproche de rire des femmes qui simulent, et pointe l’ambiguïté d’un tel propos sur la sexualité féminine. La discussion est agitée, et Lazlo lui répond qu’il ne s’agit pas de rire aux dépens des femmes, mais de dédramatiser la sexualité, de faire avec la réalité du vécu de chacune, et surtout d’écouter ce qu’elles ont à en dire.
Ce moment clef du film dévoile toute la démarche de Lazlo. On est prévenu.e : Lazlo Pearlman, malgré les apparences, ne propose pas un égocentrique biopic sur sa vie et son œuvre, mais plutôt une exploration de son projet politique à partir de l’entremêlement de la fiction et des situations réelles dont elle s’inspire.
Construit comme un documentaire, le film met en scène des situations vécues lors de ses performances, ses déambulations dans la ville à la manière des films de Monika Treut, tandis qu’il nous narre en voix off ses questionnements et ses doutes. Le tout est agrémenté d’un sens esthétique maîtrisé, une ambiance de film noir, où l’on suit Lazlo tel un détective privé qui chercherait à découvrir là vérité sur nous-mêmes, sur notre rapport à la sexualité, au genre et au désir. Assurément, on prend plaisir à le suivre et l’on se sent vite invité à le rejoindre dans son enquête.
Si le film aborde assez tôt la place de son identité trans dans ses spectacles, Lazlo n’est pas ici dans une démarche identitaire. Il cherche plus à affirmer un rapport aux autres et au désir qu’un rapport à sa propre transition. Il le confirme en regrettant que le public soit plus intéressé par sa transition et son vécu que par l’expérience qu’il est en train de leur faire vivre. Lui cherche à obtenir quelque chose d’eux/elles, une remise en question de leurs propres genres, un questionnement de leurs désirs. Tout au long des performances, il adapte le spectacle avec la précision d’un orfèvre pour arriver à faire bouger le public de son piédestal de certitudes. Sans violence, avec séduction et douceur, il parvient progressivement à transformer le spectateur.e en acteur.e de sa propre vie, de son propre désir. Et progressivement nous aussi, spectateur.e.s du film, nous sommes séduits et entraînés dans la danse.
La démarche de Lazlo Pearlman est très singulière, parce que non moraliste. Loin de pointer l’intolérance, l’indélicatesse et l’ignorance de son public, Lazlo accueille le trouble avec patience, n’exige rien des spectateur.e.s, si ce n’est qu’ils/elles ouvrent leurs esprits aux flots d’émotion qu’il tente de susciter. Son projet politique prend appui sur l’expérience subjective de chacun.e, et fait le pari que chaque personne possède en elle le potentiel pour se révéler à soi et aux autres. Ce qu’il convoque, c’est une éthique du désir, accessible à chacun.e pour peu qu’il/elle se pose les bonnes questions. Cette douceur, cette séduction et cette confiance en l’être humain, nous ouvre les portes d’une démarche ambitieuse, réfléchie et positive, qui offre des perspectives militantes très enthousiasmantes, et donne envie de danser…
INTERVIEW : un après midi avec Lazlo Pearlman
Quel est le point central des tes performances ? La ligne directrice de ton travail ? Y a-t-il un leitmotiv? (3)
Oui, il y a un élément central, un noyau autour duquel mes performances sont construites. Sans parler de tout le background culturel, je peux dire que la chose qui m’intéresse le plus c’est le moment où se produit dans la tête des gens qui assistent à mon spectacle l’explosion, le bouleversement.
Je fais des performances depuis mes 10 ans, donc bien avant que je comprenne quel était mon genre ou quoi que ce soit… [rires] Déjà avant ma transition, je performais toujours des rôles masculins, et j’étais déjà en rupture avec la norme.
À l’époque, il y avait les dragkings, les spectacles queer étaient peuplés par des cross cast, c’est à dire des hommes qui performaien (4)t des rôles féminins et des femmes qui performaient des rôles masculins ; moi aussi je l’ai fait. Mais après ma transition, je ne pouvais plus le faire parce que je ne provoquais plus de rupture avec la norme juste en restant sur scène. Alors, je ne savais pas bien ce que je pouvais faire…
J’ai donc passé six ans hors scène, à diriger les spectacles, parce que je ne savais pas encore quelle était la place de mon corps sur scène.
Au début, je n’avais pas envie de parler de transsexualisme, ce n’est pas central dans mon travail. Mais en même temps, je sentais que les gens ne pouvaient pas réellement comprendre le sens de mon travail sans savoir que j’étais trans. J’ai donc commencé à me déshabiller sur scène. Je pensais que c’était ma raison de le faire. Mais plus je le faisais, plus je me sentais insatisfait…
Ok, c’est bien qu’ils sachent que je suis trans, c’est bon pour la visibilité trans, etc. Mais en même temps, j’ai pensé que si j’étais obligé de parler de visibilité trans pour le reste de ma vie, je me tirerais une balle ! [rires] Mais en même temps, je n’arrivais pas à arrêter de me déshabiller…
Et alors, j’ai progressivement compris que ce que je recherchais dans mon spectacle, c’est cet instant où les spectateur.e.s me regardent et voient un homme normalement genré, jusqu’au moment où je me déshabille… Et ils sont alors si bouleversés qu’il y a un instant de rupture, où on a l’impression que tout peut être remis en question. Les spectateur.e.s ne comprennent pas ce qui leur arrive, et ils n’arrivent pas encore à remettre leurs pensées en ordre, à substituer quelque chose de clair et défini à leur trouble. Et j’ai alors compris que c’est cet instant précis qui m’intéressait. À partir de là, mon travail a été de repérer et de comprendre cet instant. Après chaque choc, les êtres humains – et la nature en général – cherchent à se réorganiser, à remettre de l’ordre dans le chaos. On cherche dans notre tête à sortir de cet espace indéfini, causé par des questions qui n’ont pas forcement de réponses. Et alors les questions fusent, du genre : « D’accord, mais… pourquoi portes-tu des lunettes ? Et pourquoi portes-tu des boucles d’oreilles ? Dis-moi : es-tu hétéro ? Es-tu gay ? Quel est le sujet de ta recherche ? C’est à propos de toi, à propos de moi ?» etc.
À cet instant mon hypothèse c’est qu’inconsciemment, ce qu’ils/elles cherchent à faire, c’est se sécuriser en rationalisant ce qui vient de leur arriver en partant de moi : « Si je te comprends toi, alors mon monde est clair. » Ce qui m’intéresse, c’est mener les gens à admettre qu’ils/elles ne comprennent pas, et que c’est ok, s’ils/elles ne comprennent pas. Peut être que c’est bien de ne rien comprendre, peut être que c’est même une chose importante. C’est à ce point là que je veux amener les gens. Voilà ce que je cherche à faire.
En ce moment, j’essaie de trouver des moyens de ne pas le faire exclusivement avec la nudité. J’ai commencé une thèse, j’étudie ce qui suscite ce moment-là, afin de mieux l’explorer. J’essaie de trouver d’autres façons de déclencher cela pendant le spectacle, pas seulement par le choc de la nudité de mon corps. Mon travail tourne autour de ça ces temps-ci. Par exemple, par l’humour et le spectacle, on peut arriver à ce résultat. Je ne cherche pas seulement l’effet coup de poing en pleine face, ou la sidération. Parce que je ne veux pas leur dire « Va te faire foutre ! », mais plutôt « Allons baiser ! » (5).
T’est-il déjà arrivé de susciter des réactions violentes de la part des gens ?
Non, il n’y a jamais eu de violence physique, plutôt différents genres d’agressivité, et encore pas vraiment… Le genre de réactions agressives, c’est… Tu as vu les réactions lors de la projection du film ? La première, et surtout la seconde : il y avait ce type qui est intervenu, mais c’était plus de la provocation gratuite (6)…
Ce n’était pas vraiment agressif, je l’ai plutôt vécu comme un défi. Lors des projections, ce genre de personnes représente le plus grand défi, car ils/elles ne peuvent pas faire quoi que ce soit, et ils/elles sont impuissants à dire ce qui leur arrive, mais on sent que c’est violent à l’intérieur ! Ils/elles ne savent pas comment faire pour l’exprimer, même s’ils/elles essaient d’en dire quelque chose. Et dans ce cas, il est inapproprié de répondre violemment, on ne peut pas simplement les « bousculer »…
Il arrive parfois que les gens s’en aillent, ou ne m’adressent pas la parole. Dans le film [Fake orgasm] il y avait des scènes tournées à Barcelone. Il y a eu des moments très intenses pendant le tournage, les gens qui y assistaient se rendaient compte qu’il se passe quelque chose d’inhabituel. Parfois, je percevais une certaine méfiance vis-à-vis de certaines scènes. Il n’était pas si simple être entouré d’autant de personnes, surtout parce qu’il y avait une caméra. Beaucoup de monde s’approchait pour avoir son quart d’heure de gloire… Mais il y a eu aussi une femme qui m’a dit qu’elle était dégoûtée par moi. C’était une femme américaine avec son copain qui m’a dit « Tu es dégoûtant ! », je lui ai répondu « Merci ! ».
Pour moi, le contact avec les gens est un moment très fort. Durant les premières prises du tournage de la scène dans les rues de Barcelone, je regardais les gens dans les yeux, mais c’était trop intense pour moi, je ne savais que faire de ce que je voyais dans leur regard, et je ne me sentais pas capable de continuer la scène de cette façon. L’équipe du film est hétéro, ce sont des anarchistes hétéro, très ouvert.e.s d’esprit, mais d’une certaine façon, normatifs. J’ai donc essayé d’expliquer à mon metteur en scène, après la première prise, que j’avais besoin d’un espace « safe », que je ne me sentais pas en sécurité (même si c’était mon idée à l’origine). Lui m’a répondu : « Ne t’inquiète pas, c’est Barcelone, c’est l’Espagne, tout le monde s’en fout, c’est légal ». J’ai dû passer 45 minutes à essayer lui expliquer la différence entre ce qui se passe dans un corps queer et un corps masculin hétéro. Il me disait « ok ok ok… ». Mais il n’avait pas compris, jusqu’au jour suivant, où nous faisions d’autres prises. J’étais plus entouré, mais personne ne surveillait vraiment ce qui se passait, et un type s’est approché de moi en riant, il m’a claqué les fesses et est reparti. J’ai dit à mon metteur en scène : « tu as vu ce qui s’est passé ? ». Il m’a répondu que non, ils/elles étaient tou.te.s trop absorbé.e.s par les aspects techniques. En revoyant les bandes, il était sidéré de ce qui s’était produit. Moi, je n’étais pas choqué par ce qui venait de se passer, mais simplement, il aurait tout aussi bien pu me mettre un coup de couteau. Ce type était juste un abruti, il n’était pas assez fou pour me poignarder, mais c’est toujours une éventualité dans ce contexte…
Mais bon, quand les gens ont une réaction agressive, je pense que la plupart du temps c’est surtout en réponse à un bouleversement, un choc en pleine face, et pour eux/elles ce n’est pas amusant, joyeux ou agréable. C’est différent pour chaque personne, mais il faut en tenir compte.
En même temps parfois il peut y avoir des réactions d’euphorie, une réponse euphorique au sentiment de liberté suscité par la possibilité d’effacer la norme de genre…
Oui, c’est aussi ce que beaucoup de gens disent. Dans mon dernier spectacle avec Nadège (7) je fais des choses « très romantiques » : je danse avec des fleurs, j’ai aussi un portemanteau, je fais mon strip et j’y accroche mes habits, puis je danse avec le portemanteau, qui devient mon partenaire. Puis, vers la fin du spectacle, je sors de la scène et je vais dans les coulisses. Les spectateur.e.s pensent que le spectacle est terminé, la musique change. Mais moi je descends dans le public et je commence à observer les gens ; je cherche à créer une connexion, une interaction avec eux/elles.
Donc l’ambiance change encore. Je commence à pousser les gens les un.es avec les autres pour les faire danser, moi-même je danse avec l’un.e ou l’autre et à la fin tout le monde danse. Sur une dizaine de représentations, presque toutes les personnes qui m’ont adressé la parole m’ont dit : « Ha… Je me sens dans un autre monde là… ». L’euphorie se voyait sur leur visage, et ils/elles ne m’ont plus posé aucune question concernant mon genre ! […].
Je fais ça pour casser l’espace conventionnel entre moi et le public, une situation de « voyeurisme » entre ma performance et les gens qui regardent ; je veux les inviter à participer avec moi à ce spectacle, qu’ils/elles se sentent impliquées. Je les incite à me dire « oui », en quelque sorte ! [rires] De cette manière souvent, il se crée une ambiance douce et romantique. Si c’était agressif, ça ne fonctionnerait pas de la même façon, je pense. En général, j’arrive toujours au moins à obtenir que les gens disent « Wow ! ». Et il arrive parfois que des gens se déshabillent aussi…
De façon spontanée ?
Oui, certaines fois spontanément, d’autres fois un peu moins. Il y a parfois quelqu’un.e qui me demande : « Est-ce que moi aussi je peux enlever mes vêtements ? » Et je réponds : « Oui ! Bien sûr que tu peux, vas-y ! » [rires].
La première fois que je me suis parti en tournée, j’étais dans un squat à une fête après un festival à Bordeaux. C’était vraiment un public très varié, j’ai fait ma première performance là-bas. Pendant le show, j’ai commencé à danser et à me balader pour observer les comportements des gens à mon égard. Je me suis retourné, et il y avait ce groupe de cinq ou six lesbiennes hippies cinquantenaires, qui se sont déshabillées, c’était fantastique ! Et ensuite, de jeunes pédés ont retiré leur haut, c’était un drôle de choix, mais c’était bien…
Pour les gens se déshabiller et rester nu représente parfois un geste libératoire, par exemple, pour assister à la performance de Diana Pornoterrorista pendant la ladyfest de Rome (8), le public devait pouvoir se déshabiller pour y assister, et c’est ce qui peut provoquer une émotion très vive, un bouleversement intense pour le public…
Oui, c’est réellement intéressant, parce qu’il y a un choix à faire. S’ils veulent observer, ils/elles doivent participer et se déshabiller. Ils/elles ont un choix à faire, et c’est ce qui les libère. Dans ce que je sais du travail de Diana, c’est tout à fait cohérent, il y a une exigence envers son public… Moi je ne suis pas comme ça, je suis plutôt dans l’invitation, la séduction… C’est une question de personnalité, je pense… Mais les deux techniques peuvent fonctionner, je ne dis pas ! [rire]
T’est-il déjà arrivé de performer dans un espace public?
Pas réellement, je ne suis pas sûr que la promenade dans les rues de Barcelone, que l’on voit dans le film, soit tout à fait une performance, mais là j’étais en effet dans un espace public… Je n’ai jamais fait des strip dans un espace public, ou peut-être il y a longtemps, mais je ne me souviens pas bien… C’est une chose que je crains beaucoup, je n’envisage pas ce genre de performance parce que je me sentirais trop vulnérable.
Et dans des lieux institutionnels (comme les universités ou les musées) ? Tes performances ont un potentiel de subversion de la norme très fort. Mais comment rejoindre un public plus vaste, plus ‘normé’? Nous aimerions comprendre si et comment il est possible de propager l’approche queer et la ‘queerness’ dans des milieux (hétéro)normés. On a l’impression que souvent il y a deux contextes parallèles, qui ne se croisent que rarement. Comment faire la connexion?
Je pense que c’est une question importante. C’est la question. Et la meilleure réponse que je puisse donner pour l’heure s’est produite la nuit dernière : une des personnes qui a le plus apprécié ma performance avec Nadège a été Bruno (9), l’agent de sécurité, que je considérais comme une personne hétéronormée. Il n’arrivait plus à s’arrêter de parler avec moi et Nadège. C’était vraiment chouette, autant d’amour et d’enthousiasme… J’ai pensé que si j’avais fait le spectacle tout seul, ça n’aurait pas été pareil, Bruno ne l’aurait pas aimé autant. Ce qui a joué, je pense, c’est que bien que confronté à mon corps a-normé, il croyait voir une relation hétérosexuelle. Quand moi et Nadège jouons ensemble, ce que les spectateur.e.s voient d’abord c’est un couple dans une relation hétérosexuelle, cela leur permet de s’identifier, de se sentir plus à l’aise et proches de moi. Et cette empathie est le point de départ de mon travail suivant…
Si l’on veut qu’un public hétéronormé, ou l’espace public, ou ce que tu veux, soit ouvert à notre discours, nous devons leur permettre de nous rejoindre, pas les forcer. Ça ne fonctionnerait pas, je pense. Je crois que les techniques de choc, le « Vas te faire foutre, et débrouille-toi avec ça ! » dont je parlais tout à l’heure, c’est un réflexe culturel ; mais il ne permet pas de faire bouger les esprits, c’est d’ailleurs la réaction la plus courante dans ce genre de situation, et je ne pense pas que cela permette de faire changer la façon de penser des gens. C’est un peu l’expression : « On n’attire pas les mouches avec du vinaigre… ». Donc je pense que nous devons offrir, si nous voulons recevoir. Tout ce que nous avons à dire doit être parlé dans le langage de celui/celle à qui nous l’adressons.
Ce que tu fais c’est de la « performance queer démocratique »…
Hé bien j’aimerais bien être démocratique, car je voudrais que les gens apprécient ce que je fais, et le public queer également. Mais je considère plus le mot queer comme un verbe que comme un adjectif. Ce qui m’intéresse, c’est de « queeriser » les choses, c’est ce que je veux faire. Quant à « être queer », si tu me pousses à me définir, je te dirais que je suis queer, mais ce n’est pas ça que je veux dire. Faire des shows pour des populations queer, ça peut être très sympa, chaud et très festif. Mais ce n’est pas ce que je veux faire principalement. En tout cas, mon objectif principal n’est pas de faire se sentir les queers fort.e.s et sûr.e.s d’eux/elles. Le problème, c’est que tout le monde préfère se sentir fort et assuré. Moi, je n’aime pas les espaces séparés. Ça ne veux pas dire que je suis ami avec tout le monde, mais au-delà, créer des espaces queer, des moments pour les queers, ne m’intéresse pas. Je cherche à queeriser des espaces, à queeriser des moments, et c’est ouvert à tout le monde, parce que tout le monde… Tout le monde est queer ! C’est juste qu’ils/elles ne le savent pas encore. Ils/elles pensent qu’ils/elles doivent être normaux/ales, qu’ils/elles doivent suivre une voie normative, mais ils/elles n’ont pas à le faire, et ils/elles ne sont pas normaux/ales ! Donc oui, c’est important pour moi d’être le plus accessible et démocratique possible dans mon travail. Je n’arriverais jamais à toucher 100% de mon auditoire, je ne serais jamais convainquant pour des fondamentalistes chrétiens ou autres, et je m’en fiche, d’ailleurs… Mais je cherche à créer un espace de connexion autant que possible. D’un autre côté, certaines personnes, qui préfèrent les performances hardcore n’aiment pas non plus mon travail, je suis trop sage pour eux/elles, donc ils/elles ne suivent pas mon travail, ils/elles sont à un autre point de cet espace, où je ne suis pas. Et leur travail est important, et donne de l’assurance à celles et ceux qui en ont besoin… Mais ce n’est pas du tout ma démarche, ça n’est vraiment pas mon objectif…
Qu’est ce que tu penses du travail des performeuses post porno, comme celui d’Annie Sprinkle, ou Diana Pornoterrorista ?
Je pense que le travail d’Annie Sprinkle est tellement plein d’amour qu’il a le potentiel de s’infiltrer dans des endroits où d’autres types de travaux ne le pourraient pas. Quoi que vous pensiez de ce qu’elle fait, qui que vous soyez, elle embrasse tout le monde. Et pour Diana, je n’ai pas vu son travail depuis si longtemps qu’il m’est difficile d’en dire quelque chose. L’extrait que j’avais vu à San Sébastian était si dur que je n’ai pas pu le regarder, du coup je ne peux pas dire grand-chose. Je ne dis rien contre son travail, c’est juste que je n’ai pas pu regarder… Je peux parler plus facilement du travail de Maria Llopis, qui est une amie. J’aime bien son approche, qui est très accueillante, ouverte et exploratoire. Elle utilise sa subjectivité, son propre corps, ses désirs et intérêts pour travailler de façon très courageuse, et très… chaude.
Ton travail aussi est très chaud et courageux…
[rires] Oui, je sais, on me l’a déjà dit ! Je suppose qu’il est chaud et courageux… Le courage est un chouette truc qui vient de l’intérieur, mais suis-je courageux ? En tout cas, je ne suis pas fragile, j’ai appris que je pouvais faire beaucoup de choses sans me briser, je sais que je peux aller dans certains lieux et faire toutes ces choses, même si on me fait mal, je tiens le coup… Donc je prends le risque…
Quel est ton rapport au féminisme ? Penses-tu appartenir à la mouvance du transféminisme (10), comme le définit Beatriz Préciado ?
Oui, j’adhère complètement à ça. Pendant longtemps, je n’ai pas su dire si je pouvais me définir comme féministe, car le féminisme me semblait lutter de manière inchangée et selon les mêmes principes immuables depuis les années 80. Mais le monde autour avait changé, et le vocabulaire ainsi que les stratégies de luttes devaient donc nécessairement évoluer… Mais le féminisme ne semblait pas avoir changé, ou alors pas assez. Le discours s’adaptait, mais gardait la même base logique, du genre : « les femmes sont moins payées, les femmes sont moins ceci, les femmes sont moins cela… ». Et pour moi, ce n’est pas un bon argument.
Ces arguments sont vrais et c’est terrible, mais d’un point de vue militant ce n’est pas efficace. Parce que désormais, la culture a assimilé ce langage et l’a récupéré pour mieux le rejeter. C’est pour cette raison, je pense, que le féminisme traditionnel semble démodé. Et d’une certaine façon, à l’instar du travail de Beto [B. Preciado], il faudrait une volonté de comprendre la façon dont le pouvoir et l’oppression fonctionnent pour chaque personne, parce que chacun.e d’entre nous y est soumis.e.
[…] La performativité créée de l’intérieur et de l’extérieur [des limites] dans les sujets et les objets. Donc le transféminisme peut être compris comme le mouvement de ces objets hors des limites, car tout le monde ne se situe pas forcément dans une subjectivité bien assurée…
Quelles sont tes références théoriques (si tu en as) ?
Oui, j’en ai, et j’en découvre de plus en plus depuis que j’ai commencé ma thèse. Je suis très influencé par tout ce qui tourne autour la culture foucaldienne, et ce qu’elle signifie pour toutes les questions de savoirs/pouvoir, des agencements de l’espace et de leur limite intérieur/extérieur… Et aussi Butler, Ces corps qui comptent… Je viens juste d’acheter et j’ai hâte de lire Giving an Account of Oneself (11), qui traite plus d’éthique que de genre. Sinon, je suis arrivé un peu sur le tard, surtout via l’équipe du film et Jo Sol, à l’Anarchisme. Guy Debord, La société du Spectacle. C’est que je lis en ce moment. Je suis un autodidacte, et je pense que c’est le début de mon apprentissage. Quand j’ai commencé mes études, en discutant de mes performances avec les autres, ils me disaient : « Ha oui, tu devrais lire cet auteur.e, ou celui-ci, ou encore celle-là, et aussi ça… ». Alors j’ai commencé à les lire et là j’ai réalisé que : « Ho mon Dieu ! Quelqu’un.e a déjà dit tout ça ! Et ils/elles en ont même dit plus… Et je ne suis pas d’accord avec celui-là ! Et tiens, celles deux là vont bien ensemble… ». J’ai réalisé à quel point la philosophie pouvait être excitante ! J’avais cette idée très romantique de la lecture philosophique, mais je n’osais pas m’y mettre. Et cette exploration m’a permis de découvrir tout ce savoir disponible sur place, et j’ai aussi pensé que cela manquait aux gens.
On passe notre temps à réinventer la roue, en quelque sorte, mettre en avant des idées radicalement nouvelles qui ont pourtant déjà été pensées vingt-cinq ans ou même soixante ans plus tôt… Et en lisant tous ces auteur.e.s, on pourrait tellement étendre nos possibilités, nos techniques, nos pensées… Je souhaite qu’il y ait un grand mouvement de convergence entre philosophie et militantisme, qu’ils puissent marcher main dans la main, avec les performances et le queer, parce que je pense qu’ils ont tant à s’apporter les un aux autres… Donc, je suis encore jeune en philosophie, mais je suis super enthousiaste et excité !
Es-tu dans une démarche de « réconciliation » entre le milieu universitaire et le milieu militant ? Comment fais-tu pour gérer en même temps ton travail universitaire et ton travail militant ?
Certain.e.s font le pont entre les deux, bien que je ne sache pas vraiment combien il existe de « queer studies »… Aux États-Unis, on a beaucoup de « cultural studies », qui permettent de travailler ensemble la théorie et le militantisme. La plupart des travaux et des références que j’utilise sont dans cette veine, et ce sont les chercheur.e.s de ces dix-quinze dernières années qui ont élaboré ces contenus à la fois militants et universitaires, à partir de leur engagement subjectif. Si tu t’engages dans ce type de travail, tu dois défendre tes convictions et ta subjectivité plus que la neutralité de l’observation extérieure.
Souvent, on reproche à certain.e.s chercheur.e.s d’être trop « engagé.e.s », de n’avoir pas assez de « recul » vis-à-vis de leur terrain. En même temps, on pense que les gens « engagé.e.s » ne sont pas légitimes à « produire une connaissance scientifique ». Qu’est ce que tu en penses ? Y a-t-il une possibilité de réconciliation/contamination entre milieu militant et milieu académique ?
Je pense qu’on aimerait bien dire que la légitimité est une mauvaise chose, mais c’est faux, nous vivons dans une culture, nous vivons en société et c’est important. Mais s’il y a contamination, cela peut parfois être très excitant. Dans mon champ de recherche il y a contamination, c’est très positif et c’est la raison qui m’a permis de faire ma thèse, et de travailler sur mes performances au-delà de toute récupération ou mise en boite rétrospective de mon travail.
Merci beaucoup, c’était formidable !
Merci à vous, c’est si fun de parler de soi… [rires]
(1) http://www.lazlopearlman.com/video.cfm
(2) http://www.mariallopis.com/ et http://girlswholikeporno.com/
(3) Propos recueillis pendant le séjour de Lazlo Pearlman à Rome à l’occasion du Festival « Agender » (9-11 décembre 2011).
(4) On prefere employer le verbe performer, bien que son usage dans la langue française ne soit pas consolidé.
(5) En anglais il y a le jeu de mot entre « fack off » et « fuck me ».
(6) Lazlo fait ici référence à une intervention d’un homme pendant la discussion après la projection de Fake Orgasm au cours du festival « Agender ». Il a essayé d’amoindrir et de ridiculiser le travail et la position de Lazlo.
(7) Nadège Piton est performeuse, artiste et comédienne. Elle est partner de Lazlo dans beaucoup de performances. Avec Beatriz Preciado et Erik Noulette elle dirige le projet « Bodyhacking » http://bodyhacking.fr.
(8) Rome, 16-18 septembre 2011.
(9) Nom de fiction.
(10) Pour Beatriz Preciado le transféminisme est caracterisé par l’alliance du féminisme avec les questions que soulèvent les transidentités…
(11) New York: Fordham University. Press, 2005.
Nella prima parte, la/le performer, accompagnate da un sottofondo musicale, leggono testi di varie autori/autrici (da Monique Wittig a blogger, passando per testi scientifici e fanzine) che raccontano il processo di addomesticamento del corpo e del suo controllo politico e sociale. Durante le letture, l’attenzione viene spostata dal ‘corpo’ in generale al ‘corpo’ delle donne, ai valori ad esso attribuiti e alla violenza su di esso esercitata, riassunto dalla frase “Il mio corpo è un campo di battaglia”. In seguito l’attenzione passa sul corpo della performer e sulla sua riappropriazione attraverso la sessualità, il desiderio, la scelta, riassunto dalla frase “Il mio corpo è un campo giochi”. Nel corso delle letture la performer si toglie i vestiti che mette in un sacchetto nero dell’immondizia posto accanto a lei.
Nella seconda parte l’attenzione viene spostata sul pubblico e su interventi dalla sala, in una sorta di ‘contagio’ dell’euforia della nudita e del corpo libero.
La performance gioca con i simboli dell’infanzia come momento in cui la nudità non ha ancora acquisito il valore sociale e i giochi in qualche modo coinvolgono la sfera della sessualità e delle relazioni. Il messaggio centrale in questa parte è il ruolo del corpo e della nudità nella creazione/rafforzamento delle relazioni e nella trasmissione/diffusione del ‘coraggio’ di trasgredire.
Porn to be alive, Roma, 26 gennaio 2013
Testi
« Fin dalla nostra infanzia, ci hanno fatto vergognare del nostro corpo. Tanto per cominciare, ci impediscono di masturbarci, con pretesti (…) assurdi, ci impediscono di mettere i gomiti sul tavolo, ci obbligano a non restare mai nudi. Ci fanno vergognare del nostro corpo perché traduce i nostri desideri, anche quando non osiamo dirlo. Ci hanno detto : sottomettetevi nella vostra carne, portate cravatte, mutande e reggiseni, fate il saluto militare, non sdraiatevi nel prato, non sedetevi nell’ufficio del vostro capo senza essere invitati, restate seduti in classe…
[…]
LIBERA DISPOSIZIONE DEL NOSTRO CORPO
Tout ! n. 12, 23 aprile 1971, Journal du groupe « Vive la révolution » FAHR
http://semgai.free.fr/contenu/archives/Tout/TOUT12.html
Il nostro corpo
è in relazione continua con lo spazio,
quindi dobbiamo
« riconoscere che gli individui nella società subiscono oppressioni legate alle loro caratteristiche fisiche. Il corpo umano non può essere trascurato quando studiamo la concezione che le persone hanno del pericolo, della distanza, della violenza, dell’ostilità del contesto in cui vivono, della salute e delle pratiche spaziali che mettono in atto »
Francine Barthe-Deloizy, 2003, Géographie de la nudité. Etre nu quelque part. Ed. Bréal.
Il nostro corpo
« segna la frontiera tra sé e gli altri […] E’ un mezzo per entrare in contatto con lo spazio e per sperimentarlo »
Gill Valentine, 2001, Social Geographies: Space and Society, New York : Prentice Hall, p. 15.
Il nostro corpo
è un supporto eccezionale d’esercizio della sovranità dello stato : non si governa solo la popolazione ma anche i singoli corpi, corpi produttivi e riproduttivi.
Il nostro corpo è la frontiera tra l’intimo e il pubblico, lo spazio personale e individuale in cui vengono integrate o contestate le norme collettive.
Il nostro corpo
« non solo è nello spazio ma è spazio »
Johnston L. et Longhurst R., 2010, Space, Place, and Sex: Geographies of Sexualities, Lanham MD : Rowman and Littlefield.
Il nostro corpo
« è anche direttamente immerso in un campo politico: i rapporti di potere operano su di lui una presa immediata, l’investono, lo marchiano, lo addestrano, lo suppliziano, lo costringono a certi lavori, l’obbligano a delle cerimonie, esigono da lui dei segni ».
Michel Foucault Sorvegliare e punire,
Il nostro corpo,
« in realtà, è sempre altrove. È legato a tutti gli altrove del mondo. E, a dire il vero, è altrove solo nel mondo. Perché è intorno a esso che le cose si dispongono, è rispetto a esso, e rispetto a esso come rispetto a un sovrano, che ci sono un sopra, un sotto, una destra, una sinistra, un avanti, un dietro, un vicino, un lontano. Il corpo è il punto zero del mondo, là dove i percorsi e gli spazi si incrociano. Il corpo non è da nessuna parte ».
Michel Foucault, “Il corpo, luogo di utopia”
Ma il corpo delle donne
« è dappertutto, affisso, filmato, publicizzato. Corpo standard, stra-normato. Non ne posso più di queste immagini del corpo, messo in scena, codificato in modo da rispettare scrupolosamente le gerarchie sociali che dividono e mettono in relazione i corpi tra di loro ».
Ton corps est un champ de bataille (fanzina, Lione, 200?)
La guerra condotta contro il corpo delle donne
« è una guerra contro il nostro diritto di esistere così come siamo, con le nostre imperfezioni, i e difetti, […] le rughe, i segni, con i tratti con i quali siamo nate e che si trasformano nel corso della vita […] ».
La guerra condotta contro il corpo delle donne
« è anche una guerra contro il nostro diritto a esistere semplicemente, con tutte le nostre forze, i nostri limiti, le capacità e vulnerabilità, nella nostra completa diversità e nella nostra comune umanità ».
Carla Rice, 1994, Des territoires occupés : nos corps. Transformer la relation à notre corps. http://tahin-party.org/textes/carlarice.pdf
“ Out from Under Occupation. Transforming Our Relationships with Our Bodies ” Canadian Woman Studies/Les Cahiers de la Femme, Volume 14, Number 3 (Juillet 1994).
La guerra condotta contro il corpo delle donne
« è anche un conflitto sulla razza e il colore della pelle. Conflitto che si gioca attraverso stereotipi, profondamente radicati, sul valore e la bellezza della bianchezza che impregna la nostra cultura e il nostro linguaggio, e che sono utlizzati per colonizzare le persone non bianche e le società non occidentali ».
Carla Rice, 1994, Des territoires occupés : nos corps. Transformer la relation à notre corps. http://tahin-party.org/textes/carlarice.pdf
“ Out from Under Occupation. Transforming Our Relationships with Our Bodies ” Canadian Woman Studies/Les Cahiers de la Femme, Volume 14, Number 3 (Juillet 1994).
E in mezzo a tutti questi corpi,
« c’è il mio corpo. Il mio corpo che sono io, che reagisce, che si immobilizza. Somma di tutte le semantiche che si sono sviluppate attorno alla mia vita, che perde il pelo ma non il vizio, che imbianca ad andare con gli imbiancati, la cui capacità riproduttiva esplode e si annulla di fronte allo stress. Un corpo plasmato dal discorso collettivo, dal movimento, nel senso del poco sport che faccio, dal movimento nel senso di quello dei movimenti che ha fallito e che me lo scrive addosso. Polmoni che hanno respirato CS, ma testa che non è stata ancora mai rotta da un manganello. Figa penetrata da troppe persone che non ci si sarebbero dovute avvicinare, ano lavorato da lingue mani peni dildi, ma soprattutto bocca che ha dovuto ingoiare troppe volte lo schifo prodotto da questa società, il fascismo, la violenza sessista, la molestia indiscreta che si ripropone per strada, a casa, nel centro sociale. […] ».
http://retroguard1a.noblogs.org/post/2012/12/15/cosa-puo-un-corpo/
« un corpo nudo
non è solamente
un corpo nudo
è un prodotto commerciale
un’arma di coscienza di massa
un territorio in guerra permanente
tutto dipende dal contesto
in cui si mostra il corpo nudo
che fa il corpo nudo
di chi è il corpo nudo
com’è il corpo nudo
il contesto
il genere
la razza
la classe
l’età
variabili della differenza
variabili dell’oppressione
corpo di donna
corpo di donna nuda
oggetto da modellare
liposuzione
crema
depilazione
intimo delicato
e una borsa di vuitton
corpo di donna nuda
spazio da abitare
abitare, secondo Lefebre, è appropriarsi di qualcosa. Ma appropriarsi non è avere qualcosa
in proprietà, ma fare un’opera, modellarla, formarla, metterci il proprio marchio.
corpo di donna
corpi poveri
corpi vecchi
corpi strani
corpi anormali
spazi da abitare,
da far appropriare,
per farne la LORO opera
per modellarla
formarla
metterci il proprio marchio
e se si ribella
e se resiste
e se non collabora con la loro oppressione
è un corpo da insultare
da incatenare
da violentare
stupro
arma di distruzione di massa
[...]
patriarcato
arma di distruzione di massa
corpo di donna
corpo di povera
corpo di negra
corpo di indigena
corpi strani
territori da occupare
secondo Michel Foucault, un territorio è una nozione giuridico-politica, e si riferisce a quello che è controllato da un certo tipo di potere
territorio: ciò che è controllato da un certo tipo di potere
corpo: ciò che è controllato da un certo tipo di potere
quale potere?
[...]
Helen La Floresta« Donde yo mando », http://helenlafloresta.blogspot.fr/ (traduzione dallo spagnolo di Alice)
Il mio corpo
E’ UN CAMPO DI BATTAGLIA
i suoi limiti disegnano l’ordine morale e il significato del mondo. Pensare il corpo è un modo per pensare il mondo.
E allora io il mio mondo, il mio corpo, lo vedo, lo penso, lo creo così
« Cerco le mie immagini da me. Ludiche. Ho cominciato a dipingere corpi, spesso gli stessi. Androgini. Ritmi, carezze, proiezioni di molteplici desideri, dipingere è un piacere. Una libido in atto. Ma anche il pensiero di lottare contro un’idea di annichilimento che mi logora lentamente : la malattia […]. Il corpo come luogo di sofferenza deve diventare un luogo di godimento. Non mi prenderà di sorpresa. Sono io che costruisco la mia propria abitazione in questo corpo, serenamente godendo ».
Ton corps est un champ de bataille (fanzina, Lione, 200?)
« […] La contrasessualità è una creazione artistica e noi siamo le artiste del punto G. La mappa del mio corpo si compone di milioni di dildo, tanti orifizi quanti sono i pori della mia pelle e potrei venire sfregandoti il collo con il naso, mentre mi penetri inaspettatamente un punto considerato impenetrabile. Stolto quello che un giorno mi disse “Si ma con l’incavo del braccio di sicuro non vengo”. Lo abbiamo confutato. Collettivamente, con la pelle, con le mani con la testa ».
http://retroguard1a.noblogs.org/post/2012/12/15/cosa-puo-un-corpo/
« Gli spazi di libertà che i corpi si prendono sono a volte inaspettati nella loro imprevedibilità di fronte al potere ».
http://retroguard1a.noblogs.org/post/2012/12/15/cosa-puo-un-corpo/
Per questo
« Ho cominciato a praticare le SM come bottom e continuo a mettere le gambe all’aria ogni tanto. […] Oltre ad essere sadica sono pure feticista del cuoio. Se non ricordo male, secondo Krafft-Ebing è un’altra delle cose che le donne non dovrebbero fare […]. [Quindi] io sono per forza di cose une obsedée sexuelle e le vere lesbiche non sono obsedée sexuelles. Sono le grandi sacerdotesse del femminismo che fanno uscire la rivoluzione delle donne dal cappello. Se ho ben capito, dopo la rivoluzione delle donne, la sessualità delle donne consisterà nel darsi la mano, togliere la camicetta e danzare sorridenti in cerchio. Poi tutte si addormenteranno insieme. Se non si addormenteranno tutte nello stesso tempo, potrebbe succede qualcos’altro – qualche cosa di assimilato agli uomini, d’oggettivante, di pornografico, di bruyant e che manca di dignità. Qualche cosa come un orgasmo »
Pat Califia, La face cachée de la sexualité lesbienne, 1979. In Sexe et utopie (2008), Paris: La Musardine (vers. or. Slut in Utopia: The Future of Radical Sex)
Se non godo, se non rido, se non canto, se non scopo, se non tocco, se non gioco,
« se non posso ballare, allora non è la mia rivoluzione »
Emma Goldman
E se non ci sono le mie amiche, « io non sono niente ».
Diana Pornoterrorista
Loro sono lì se mi traformo nella
« La bella addormentata nel bosco.
Si dice di solito di un’amante che si è dimenticata di avere una clitoride. Cade allora in una specie di sonnolenza di cui nemmeno lei conosce il motivo. Può restare in questo stato per un lasso di tempo indeterminato. Si sa di una bella addormentata nel bosco particolarmente solitaria dal momento che questo stato l’ha presa mentre era in mezzo ad un bosco. Cento anni sono passati prima che una amante non la trovasse nel corso di una passeggiata. Lo stato di sonnolenza volge alla fine per la bella quando [le amanti] le ricorda(no) con delicatezza che ha una clitoride »
Wittig, Monique e Sande Zeig, 1976, Brouillon pour un dictionnaire des amantes. Parigi : Grasset
Voglio
« Peli
Si chiamano peli il glorioso vello che ricopre le gambe, le braccia, le ascelle, il pube e parte del corpo. [Alcune amanti] ammirano i disegni che essi formano. Certe ammirano il colore dei peli o la loro lunghezza. Certe ammirano come essi si distribuiscono sul corpo. Per molte amanti sono da invidiare coloro che hanno peli vigorosi e neri. Queste tagliano i propri peli perché ricrescano più forti e spessi ».
Wittig, Monique e Sande Zeig, 1976, Brouillon pour un dictionnaire des amantes. Parigi : Grasset,
Non voglio
« Vestiti
Le cantastorie dicono che quando capita di chiedere alle amanti dei popoli delle amanti come piaccia loro vestirsi, queste dicono che non le piace farlo e pare proprio che [sia così] ».
Wittig, Monique e Sande Zeig, 1976, Brouillon pour un dictionnaire des amantes. Parigi : Grasset.
« Cominciamo con un’evidenza : la nudità in sé non significa niente e si riduce, alla fine, ad essere uno stato, quello di un corpo che nessun involucro e nessun segno ricoprono. Ma questa incredibile neutralità si cancella nel momento in cui la si mette in relazione ad un luogo, un contesto [...]. Spogliarsi per fare la doccia è considerata una necessità, una banalità, andare all’opera o al ristorante completamente nud è considerato esibizionismo o provocazione. […] Nel primo caso, si tratta di una pratica corporale igienica che si svolge nell’ambito dello spazio domestico, nell’altro di una pratica culturale che implica delle regole di socialità definite per uno spazio pubblico. La nudità si riassume allora a questo binomio individuo/collettivo-privato/pubblico che regola le pratiche sociali ?
[…]
Nel corso della storia e con vari pretesti, la nudità è stata caricata di valori, norme, tabu. E’ diventata scandalosa, eccitante, mordiba o innocente. Costituisce l’elemento di un vocabolario, di un linguaggio che aiuta a capire le società nelle quali si mostra.
[…]
Il luogo serve da criterio di valutazione della nudità : incongruo e shoccante in certe situazioni, ordinario e quotidiano in altre. Questa situazione di nudo ordinario o eccezionale, spettacolare o banale ha per effetto di caratterizzare i luoghi nei quali la nudità ha il suo posto o no.
La nudità produce luoghi […].
Quando la nudità fa irruzione nello spazio pubblico […] produce un formidabile impatto visuale e un effetto sovversivo incontestabile. […]
La nudità, individuale o collettiva, privata o pubblica, crea luoghi, territori, pratiche, lavora sulle norme, sui codici, sulle storie, sulla morale e le ideologie ».
Francine Barthe-Deloizy, 2003, Géographie de la nudité. Etre nu quelque part. Ed. Bréal.
La nudità produce relazioni, il mio corpo produce relazioni
IL MIO CORPO E’ UN CAMPO GIOCHI
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Nella performance il processo di decostruzione del soggetto passa attraverso i testi. Le parole permettono di entrare in contatto con un pensiero che avvia ad un processo di presa di coscienza del peso delle norme sociali e delle restrizioni nelle quali le persone sono imprigionate. L’oppressione della norma è qui rappresentata dalle bende bianche che avvolgono il corpo.
Man mano che le parole dei testi riempiono l’aria, attraverso le persone che danno loro voce/vita, il corpo si libera dalle bende. Il corpo nudo è un corpo liberato dalle norme, dai tabù, dalle costrizioni e dalle sanzioni sociali. E’ pero ancora un corpo con un’assegnazione di genere e di sesso. Sono i testi che, dopo un momento di silenzio e di riflesso/riflessione del soggetto su di sé, permettono di entrare in contatto e di appropriarsi di un immaginario nuovo. Inizia così un percorso di trasformazione del corpo in cui i testi, le parole, i pensieri e le idee diventano materialmente parte di un corpo androgino e leggero.
L’obiettivo di questa performance è di mettere in evidenza la materialità del pensiero. Le parole infatti permettono di portare avanti delle riflessioni che non solo decostruiscono e ricostruiscono la mente ma che trasformano il corpo, diventano il corpo.
Le parole escono dai testi e liberandosi nell’aria si liberano anche dai/lle propri/e referenti. Si appoggiano sui corpi, diventando, attraverso questi, materia. Il corpo collettivo si appropria delle parole, sviluppa il pensiero e crea l’azione.
I testi hanno provenienze differenti, dal contesto scientifico e filosofico a quello della militanza. In questo modo si rompe un altro binomio: quello che oppone cultura ‘alta’, ‘professionale’, riconosciuta e legittimata e cultura ‘bassa’, che viene delegittimata e invisibilizzata al fine di renderla silenziosa. Le parole escono dai saggi, dai blog, dai manifesti dei collettivi, dalle fanzine per circolare liberamente. Si posano sui corpi e danno vita ad un processo di costruzione e decostruzione che apre possibilità nuove e percorsi euforici che permettono di concepire infinite possibilità ad identità in divenire.
Alla fine della performance, ogni persona che ha assistito può, se lo vuole, ‘appropriarsi’ delle parole, dei pensieri, dei testi e delle riflessioni e farle diventare parte del proprio corpus/corpo individuale e, in questo modo, anche collettivo.
Testi (traduzioni da inglese e francese di Rachele Borghi aka Zarra Bonheur, Brune Seban e Olivia Fiorilli)
1. E’ ora di pensare il sesso. Per alcuni, il sesso può sembrare un argomento poco interessante, un diversivo frivolo dai veri problemi quali sono la povertà, la guerra la malattia, il razzismo, la carestia, o il pericolo nucleare. Ma è precisamente in epoche come questa, dove vige la minaccia costante di un’impensabile distruzione totale, che la gente rischia di dare pericolosamente i numeri sulla sessualità. Gli attacchi sui valori e la morale sessuale ed erotica hanno molto in comune con le dispute religiose dei secoli passati. Acquisiscono un peso simbolico immenso. I dibattiti sulla morale sessuale diventano spesso il modo per mettere in luce l’angoscia sociale e svuotarli dalla loro intensità emotiva. Ecco perché bisognerebbe essere particolarmente attenti alla sessualità nei periodi di forte tensione sociale.
L’ambito della sessualità contiene anch’esso politiche, disuguaglianze e oppressioni proprie. Come in altri aspetti dell’agire umano, le forme istituzionali concrete della sessualità sono, in ogni luogo ed ogni tempo, dei prodotti dell’attività umana. Sono attraversati da conflitti d’interesse e manovre politiche, sia deliberate che casuali. In questo senso, il sesso è sempre politico.
Gayle Rubin (1984). Thinking Sex: Notes for a Radical Theory of the Politics of Sexuality. In (Carole Vance, cura) Pleasure and Danger. Routledge & Kegan, Paul.
2. Se per la società l’esercizio della sessualità è ricondotto a rapporti sessuali eterosessuali, allora siamo ben lontano dalla sessualità. Siamo anche lontano dal capire questa famosa idea della differenza sessuale sulla quale si fonda la nostra oppressione. Per noi, sembrerebbero esistere non uno o due sessi ma tanti sessi quanti sono gli individui. [...] Per noi la sessualità è un campo di battaglia inevitabile nel momento in cui vogliamo uscire dalla genitalità dell’economia sessuale che l’eterosessualità dominante ci impone. Dal momento in cui la sessualità per noi non ha altro fine che il suo esercizio, bisognerà procedere ad un esercizio di soggettività che includa la ricerca del piacere e che non subirà nessuna riduzione eterosessuale.
Monique Wittig (1980). The Straight Mind. New York: MLA.
3. Perché il femminismo pro-sex ??? Perché ti piace fare sesso; perché la tua libido è piuttosto traboccante, le tue fantasie inesauribili, i tuoi rapporti bi-omo-eterosessuali godurie pure; perché hai già pensato a fare marchette; perché ti piace costruire dildo con le amiche, in base alle preferenze di ognuna; perché cerchi attivamente storie e film erotico-porno fatti da e per donne che accompagnino le tue masturbazioni clitoridee quotidiane; perché sarebbe una figata fare foto e/o cortometraggi porno Do It Yourself con le amiche feministe… e anche perché cammin di vita facendo incontri un sacco di streghe spudorate, di amiche ragazze-squillo; perché libri come Tales from the clit, Scambi di genere, Deviant desires, Fiere di essere puttane, Sexe et utopie ecc ti sono capitati tra le mani… Perché più che ogni altra cosa vuoi mandare a fanculo l’ideologia sessualmente corretta, l’educastrazione (o meglio edumutilazione), gli stereotipi sul genere e i discorsi del tipo “una donna è… e dovrebbe essere…”. Allora provi a decostruire nel quotidiano la morale puritana e i rapporti di dominazione nei quali sguazziamo – insomma, a sfracellare la norma etero-patriarcale che ci impedisce di essere ciò che sogniamo di essere.
Pilou Pilou (fanzina)
4. In che senso siamo politico-sessuali e queer ? Perché la società e la cultura sono politico-sessuali. Perché nessuno meglio di noi sa che la separazione pubblico/privato non esiste quando si parla di sesso e di genere. Perché pensiamo che le categorie sociali, il sesso, il genere, la ‘razza’ siano determinanti e oppressivi. Perché per quanto riguarda il genere, e in particolare l’opposizione maschile/femminile, sappiamo che è stata costruita storicamente, socialmente e culturalmente in occidente a partire dal sesso biologico.
Q comme Queer (1998). Lille: GayKitschCamp (QuestionDeGenre/GKC).
5. […] la realtà ‘donna’ deve sparire, cosi come ‘schiavo’ dopo l’abolizione della schiavitù, cosi come ‘proletario’ dopo l’abolizione delle classi e del lavoro forzato.
[…]. La denominazione ‘donna’ sparirà indubbiamente, allo stesso modo in cui sparirà la denominazione ‘uomo’ con la fine dell’oppressione/sfruttamento delle donne come classe. L’umanità deve trovare un altro nome per se stessa e un’altra grammatica che la farà finita con i generi, l’indice linguistico di opposizione politica.
[…] Il genere come concetto, esattamente come sesso, come uomo, come donna, è uno strumento che serve a costituire il discorso del contratto sociale come eterosessuale. […] Bisogna quindi rendere visibile che è una nozione che non deriva dalla natura, che il sesso è stato artificialmente costruito (e considerato nozione naturale), che è una categoria politica.
Monique Wittig (1980). The Straight Mind. New York: MLA.
6. Sono un essere umano che vorrebbe che non gli si desse del Signora, né del Signore. Preferisco usare pronomi di genere neutrali per definirmi. Sono una persona che si trova davanti ad una difficoltà quasi insuperabile quando gli si chiede di sbarrare la M o la F in un documento amministrativo. Non mi disturba essere nat@ con un corpo di donna biologica. E non mi riconosco nemmeno in un sesso intermediario. Semplicemente non corrispondo alle concezioni dominanti occidentali su come ‘dovrebbe essere’ un uomo o una donna. E questo fatto ha enormemente determinato il corso della mia vita. […] Siamo un movimento di donne biologiche mascoline, di uomini biologici femminili, di cross-dressers, di uomini e donne transgenere, di intersessuali nati/e nel grande intervallo anatomico che esiste tra le attribuzioni di ‘maschio’ e ‘femmina’, di genderblenders, di persone con altre varianti di genere e sesso, e di altre definizioni che ci sono care. In breve, aumentiamo la quantità di modi conosciuti di essere esseri umani.
Le nostre vite sono la dimostrazione che il sesso e il genere sono cose molto più complesse di ciò che può intendere con un rapido sguardo un medico in una sala parto, più variegate di una tutina rosa o celeste. Siamo oppress* perché non coincidiamo con queste norme sociali così ristrette. E contrattacchiamo. […] Per me, caratterizzare l’espressione individuale del sé come esclusivamente maschile o femminile sarebbe come chiedere ad un poeta : lei scrive in inglese o in spagolo ? La domanda esclude la possibilità che la poesia sia scritta in cantonese, ladino, swahili o arabo. La domanda prende solo in considerazione il sistema linguistico insegnato al poeta. Ignora le parole che ogni scrittore tira fuori, passo dopo passo dalla fonte comune. La musica che fanno le parole quando si incontrano per la prima volta. Il silenzio che risuona nello spazio compreso tra due idee. Il vento potente della passione e della fiducia che spinge il poeta a scrivere. Ecco perché non sostengo l’idea che il genere sia semplicemente una costruzione sociale – una delle due lingue che impariamo meccanicamente dalla notte dei tempi. Per me, il genere è una poesia che ognun* di noi crea a partire dalla lingua che ci hanno insegnato. Quando passeggio attraverso l’antologia del mondo, vedo individui che esprimono il loro genere in maniere deliziosamente complesse e cangianti, alla faccia della legge del pentametro.
Leslie Feinberg (2003). Nous sommes touTEs en devenir (on line).
7. Come spiegare ciò che mi succede? Che cosa fare di questo mio desiderio di trasformazione? [...] Non ho altra scelta che quella di rileggermi i classici, di sottomettere le teorie al mio [desiderio]. Accettare che il cambiamento che si muove in me è il mutamento di un’epoca.
Beatriz Preciado (2008). Testo junkie. Sexe, drogue et biopolitique. Parigi: Grasset.
8. [Resto in piedi,] la metà del mio viso si imprime sullo specchio, senza centro né espressione: i miei capelli corti e neri, le lenti che disegnano una sottile aureola intorno all’iris, la pelle irregolare, a tratti bianchissima a tratti screziata di brillantezze rosée. Mi è stato assegnato il genere ‘donna’ ma è impercettibile nell’immagine parziale che lo specchio mi rimanda. Comincio a rasarmi la testa, da davanti all’indietro, dal centro verso la sinistra, poi verso destra [...].
Beatriz Preciado (2008). Testo junkie. Sexe, drogue et biopolitique. Parigi: Grasset.
9. Mi definisco NO gender [...] perché non mi sento di appartenere ad un genere fisso […] mi sento appartenere ad un genere fluido da sempre, senza dover andare verso…
Me ne frego che mi femminilizzino ma mi piace anche che mi mascolinizzino, specialmente in intimità, nelle mie relazioni, perché ne ho bisogno, perché amo essere degenere ma anche perché a volte mi sento un perfetto stronzo amoroso. Anche perché mi capita spesso che siano le mie stesse relazioni a farlo. Loro lo sentono e/o lo sanno perché ne parliamo, perché è questo che le attira, questo strano melange femminile-maschile che è presente in me, questo genere ambivalente.
Questo sentimento è nelle viscere, viene da lontano. [...] Non ho mai letto le teorie sul genere. Non sono una teoria. sono complessa et invischiata in molte sensazioni. E’ un bel casino.
Non sono un uomo ma non sono del tutto una donna. Sono io, un’entità senza una chiara definizione di genere. […] No gonne, né altri accessori femminili ma neppure il meccanico. Turbamento, merda, e ancora turbamento. Me ne vado in giro con una sorta di corpo stracolmo della sua libertà di pensiero [...]. Non so se tutto è chiaro. Per me lo è perché è cosi profondo. E anche per questo che la mia parola sarà sempre e solo la mia parola. […] Non penso mai ponendomi la nozione del genere. Penso come sono, dall’interno, un cervello piatto o in ebollizione ma mai di genere. […] Subordinata e insubordinata. Maschile e donna. O niente di tutto questo. Ce corps [...] je l’accepte et je le vis pleinement, surtout sexuellement. Avec la maturité, on s’aperçoit qu’il est plus facile et plus intéressant de décloisonner, de passer outre tous les a priori de cette société, casser les clichés, déconstruire ou construire simplement son propre genre, celui où on se sent le mieux. Je ne suis ni noirE, ni blanchE mais flouE… je suis moi » Dirty Week End, Journal d’une butch par ses mots.
Dirty Week End (2012). Journal d’une butch par ses mots http://dirty-week-end.blogspot.fr
10. La mia pelle, la mia carne, il mio sangue, il mio tempio.
Dove pregano le profane, le sfrattate dalla fede, le perverse
e le anormali.
[…] Sono attrice nel vostro dramma e l’ho trasformato in commedia,
volevate che fossi Cappuccetto e cambiai la parte al lupo,
che ne aveva anche lui piene le palle.
Attraverso le frontiere delle vostre proprie nevrosi,
e mi installo giusto lí dove voglio stare,
dove risplendo come un molesto insetto mutante
che non potete ammazzare.
Diana J. Torres (2011). Trasfrontera. In Pornoterrorismo. Txalaparta.
11. [Cambio] per tradire ciò che la società ha voluto fare di me, per scrivere, per scopare, per sentire una forma di piacere post-pornogrfico, per aggiungere una protesi molecolare alla mia identità transgenere low-tech fatta di dildo, di testi e di immagini in movimento [...].
Beatriz Preciado (2008). Testo junkie. Sexe, drogue et biopolitique. Parigi: Grasset.
12. Sappiamo che il corpo si è messo a significare questo, ma possiamo dargli un altro significato. Il genere può essere pensato come gli effetti di alcune pratiche culturali [...]. Ma possiamo appropriarci di questo processo e fare ciò che vogliamo del nostro sesso e del maschile e del femminile.
Q comme Queer (1998). Lille: GayKitschCamp (QuestionDeGenre/GKC).
13. Chiamo potentia gaudendi o ‘forza orgasmica’ la potenza (reale o virtuale) di eccitazione (totale) di un corpo. Questa potenza è una capacità indeterminata, non ha genere, non è né maschile né femminile, né umana né animale, né animata né inanimata, non s’orienta principalmente né verso il femminile né verso il maschile, non stabilisce separazioni tra eterosessualità e omosessualità, tra oggetto e soggetto, non conosce nemmeno differenze tra essere eccitati, eccitare o eccitarsi-con. Non privilegia nessun organo: il pene non possiede più forza orgasmica della vagina, dell’occhio o delle dita dei piedi. La forza orgasmica è la somma della potenzialità di eccitazione inerente a ogni molecola viva. La forza orgasmica non cerca una sua risoluzione immediata, aspira a diffondersi nel tempo e nello spazio, verso tutto e verso tutti, in ogni luogo e ogni momento. E’ una forza di trasformazione del mondo in piacere-con. La potentia gaudendi riunisce tutte le forze somatiche e fisiche, sollecita tutte le risorse biochimiche e tutte le strutture dell’anima.
Beatriz Preciado (2008). Testo junkie. Sexe, drogue et biopolitique. Parigi: Grasset.
14. Esisto tramite questo turbamento ma anche tramite questa forza, questa libertà [...] Mi arrogo il diritto di essere ciò che decido, quando lo decido. Niente è fisso, niente è perfetto.
Dirty Week End (2012). Journal d’une butch par ses mots http://dirty-week-end.blogspot.fr
15. Siamo ‘pirati del genere, gender hackers’
Beatriz Preciado (2008). Testo junkie. Sexe, drogue et biopolitique. Parigi: Grasset.
PHOTOGALLERY
Ladyfest, Rennes, 1 giugno 2012
weird festival, Roma, 5 ottobre 2012
Il manifesto degli amori queer di Coral Herrera Gòmez (traduzione dallo spagnolo di Slavina)
Dirty Week End, Juornal d’une butch par ses mots (traduzione dal francese di Rachele Borghi aka Zarra Bonheur e Brune Seban)
Cercherò di rispondere a questa questione difficile del mio genere, o piuttosto del mio non genere.
Mi definisco NO gender (ma spesso, pure molto spesso butch e a volte transgenere) perché non mi sento di appartenere ad un genere fisso. Certo, questo si avvicina molto all’FtoX o al FtoUnknow ma non mi piace usare per me Female to perché io non transito, non transiterei mai e mi sento appartenere ad un genere fluido da sempre, senza dover andare verso…
Me ne frego che mi femminilizzino ma mi piace anche che mi mascolinizzino, specialmente in intimità, nelle mie relazioni, perché ne ho bisogno, perché amo essere degenere ma anche perché a volte mi sento un perfetto stronzo amoroso. Anche perché mi capita spesso che siano le mie stesse relazioni a farlo. Loro lo sentono e/o lo sanno perché ne parliamo, perché è questo che le attira, questo strano melange femminile-maschile che è presente in me, questo genere ambivalente.
Questo sentimento è nelle viscere, viene da lontano. Non sento il bisogno di cambiare il mio corpo, lui si adatta ai miei desideri, alla mie tendenze, che siano mascoline o a volte più femminili (eh si, a volte mi capita).
Non ho mai letto le teorie sul genere. Non sono una teoria. sono complessa et invischiata in molte sensazioni. E’ un bel casino.
Non sono un uomo ma non sono del tutto una donna. Sono io, un’entità senza una chiara definizione di genere. Sì, mi hanno assegnata tipa dalla nascita ma non mi ha mai dato fastidio, forse perché ho avuto la fortuna di avere un carattere forte e di aver potuto imporre fin da bambina il mio modo di essere. No gonne, né altri accessori femminili ma neppure il meccanico. Turbamento, merda, e ancora turbamento.
Me ne vado in giro con una sorta di corpo stracolmo della sua libertà di pensiero. Non so se tutto è chiaro. Per me lo è perché è cosi profondo. E anche per questo che la mia parola sarà sempre e solo la mia parola.
Non potrei dire o scrivere su questo argomento per altre persone perché l’intimo tocca solo me (anche se questa intimità si può condividere).
Sono e spero di esserlo sempre fiera di avere una vagina, di essere una tipa, una lesbica, anche se a volte rifiuto il mio corpo ma non è nemmeno il fatto di essere una tipa che mi da fastidio. E’ piuttosto legato alla grassezza di questo corpo. Anche questo sarebbe un buon argomento di dibattito perché ce n’è così da dire su queste stronze norme che ci vengono imposte e che a volte perfino tra noi possono essere ben presenti. Mica ne faccio una colpa, anch’io me li infliggo questi minchiosi codici, questi standard.
Non penso mai ponendomi la nozione del genere. Penso come sono, dall’interno, un cervello piatto o in ebollizione ma mai di genere.
Io esisto attraverso questo turbamento ma anche questa forza, questa libertà (è una nozione che io sento molto presente e non credo che sia irrilevante rispetto alla questione del genere). Mi arrogo il diritto di essere quello che decido di essere, quando lo decido. Niente è fisso, niente è perfetto.
Forse come lesbica, butch, ho avuto la fortuna di aver potuto sperimentare tutti i tipi di sessualità con delle tipe, ho anche potuto trovarmi con altre butch in relazioni piuttosto gay, frocie, con delle fem più in una sorta di binarismo (per carità!) ma anche lì il turbamento esiste. Niente mi da più piacere che una fam che mi scopa incollandosi dietro di me. Subordinata e insubordinata. Maschile e donna. O niente di tutto questo.
No gender
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