ZARRA BONHEUR http://www.zarrabonheur.org/performer performance-accademia-attivismo-postporno-politopia-queer-femminismo-militanza-dissidenza Wed, 20 Jun 2018 14:57:44 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.6 Porno Trash http://www.zarrabonheur.org/performer/porno-trash-fr/ Fri, 17 Feb 2017 16:11:17 +0000 http://www.zarrabonheur.org/performer/?p=1019  

Porno trash est une performance centrée sur le thème du corps, de son oppression, de sa libération, de la perception/construction sociale de la nudité et du corps comme espace et laboratoire de pratiques et de relations.

Textes

(pour le moment seulement en italien et en anglais)

Porno trash était à:

Porn to be alive, Rome, 26 janvier 2013 (avec Slavina et Frangette estreme) Genderotica, Rome, 1 juin 2013 (avec Valentina et Marguerite de la Fourche) Plaza del Sexo, Altereva, Torino, 27-30 juin 2013 (avec Slavina) Lesbiche Fuori Salone, RhaBar, Milan, 29 septembre-6 octobre (avec Slavina et Marguerite de la Fourche) Inqueersection Festival, Utrecht, 13-17 février 2014 (avec Illudshone) Muestra Marrana, Barcelone, 20-23 février 2014 

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Degen(d)erated euphoria http://www.zarrabonheur.org/performer/degenderated-euphoria-2/ http://www.zarrabonheur.org/performer/degenderated-euphoria-2/#respond Thu, 16 Feb 2017 15:47:39 +0000 http://www.zarrabonheur.org/performer/?p=988 Degen(d)erated euphoria est une performance collective centrée sur la libération des normes et le parcours de reconstruction du sujet au-delà d’un modèle pré-établi. L’approche de la personne aux textes est fondamentale pour entrer en contact avec une pensée qui n’appartient plus à son auteurE mais qui commence à vivre de façon autonome et à circuler, à se libérer dans l’aire. L’approche consciente et volontaire aux textes n’est qu’un parcours possible, le contact est rendu possible grâce aux mots qui s’inscrivent, s’incarnent dans les individus, en allant jusqu’à produire un corps collectif. En partant de ce principe, Degen(d)ereted euphoria propose d’aller au-delà du binôme théorie/pratique, en montrant que la pensée se matérialise dans la vie des personnes. En effet, la théorie ne déconstruit pas la personne seulement au niveau symbolique ; cette déconstruction enchaîne une série de transformations du corps qui exerce la liberté d’être ou de devenir. Le parcours intellectuel et corporel que chaque personne commence à partir du moment de son entrée en contact avec certaines idées, n’est pas possible sans un corps collectif qui s’approprie les mots, développe la pensée et construit les actions. Les textes proposés dans la performance ont des provenances différentes, du contexte scientifique et philosophique, à celui de la militance et de l’engagement politique. De cette façon c’est un autre binôme qui est détruit : celui qui oppose une supposée culture haute et d’expertise, reconnue et légitimée, et une culture basse, qui reste cachée et silencieuse. Dans Degen(d)ereted euphoria les mots sortent des textes, des blogs, des manifestes, des collectifs, des fanzines. Ils circulent sans cesse, se posent sur les corps, dans un processus de construction et déconstruction qui ouvre des possibilités nouvelles, des parcours euphoriques qui permettent de concevoir des infinies possibilités pour des identités en devenir.

Degen(d)erated euphoria était à:

Ladyfest, Rennes, 1 giugno 2012 Pornoterrorismo, Nantes, 22 luglio 2012 Weird festival, Roma, 6 ottobre 2012 Muestra Marrana, Barcellona, 1 dicembre 2012 (aka Missmistère) Manifestation pour le mois de mars, Rennes, 29 marzo 2013 QueerArtLab, serata conclusiva, Madrid, 12 luglio 2013

 

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Textes Degen(d)ereted euphoria http://www.zarrabonheur.org/performer/textes-degendereted-euphoria/ http://www.zarrabonheur.org/performer/textes-degendereted-euphoria/#respond Wed, 11 May 2016 20:01:12 +0000 http://www.zarrabonheur.org/performer/?p=782  

1. « Il est grand temps de parler du sexe. Pour certains, la sexualité peut être un sujet inintéressant, une distraction frivole qui ferait perdre de vue ces problèmes plus cruciaux que sont la pauvreté, la guerre, la maladie, le racisme, la famine ou l’extermination des tous par les armes nucléaires. Mais c’est précisément dans des temps comme les nôtres, où nous vivons sous la menace constante d’une destruction impensable, que les gens sont le plus susceptibles de sombrer dans une folie dangereuse portant sur toutes les questions de sexualité. Les débats contemporains sur les valeurs sexuelles et la conduite érotique ont beaucoup de points en communs avec les querelles religieuses de siècles passés. Ils prennent un poids symbolique extrêmement important. Les querelles sur la conduite sexuelle deviennent fréquemment un moyen de détourner l’attention du public des autres causes d’anxiété sociale et de les décharger de leur intensité émotionnelle. C’est précisément pour cela que l’on se doit d’accorder une attention toute particulière à la sexualité en période de fortes tensions sociales. Le domaine de la sexualité définit des interactions politiques, des formes d’inégalité et d’oppression qui lui sont propres. Comme c’est le cas pour les autres aspects du comportement humain, les formes institutionnelles concrètes qui régissent la sexualité, en n’importe quel lieu et n’importe quelle époque, sont des produits de l’agir humain. Elles sont traversées par des conflits d’intérêt et des manœuvres politiques, tant délibérés qu’accidentels. En ce sens, le sexe est toujours politique ».

Gayle Rubin (1984). Penser le sexe. In « Surveiller et jouir ». Paris: Epel (texte originale: « Thinking Sex. Notes for a Radical Theory of the Politics of Sexuality ».

 

2. « Si pour la société l’exercice de la sexualité veut dire rapports sexuels hétérosexuels, nous sommes loin de la sexualité. Nous sommes également loin de comprendre cette fameuse idée de la différence sexuelle sur laquelle se fonde notre oppression. Pour nous, il existe semble-t-il non pas un ou deux sexes mais autant de sexes qu’il y a des individus. […] Pour nous la sexualité est un champ de bataille inévitable dans la mesure où nous voulons sortir de la génitalité de l’économie sexuelle qui nous est imposée par l’hétérosexualité dominante. A partir du moment où, pour nous, la sexualité n’a pas d’autre finalité que son exercice, ce doit être pardessus tout un exercice de subjectivité qui inclut la recherche du plaisir et qui ne saurait faire l’objet d’aucune réduction hétérosexuelle ».

Monique Witting, 2007, La pensée straight, Amsterdam, p. 86

 

3. « Pourquoi le féminisme prosexe??? Parce que t’aime faire du sexe; que ta libido est plutot débordante; tes fantasmes intarissables; tes relations bi-homo-hétéro-sexuelles plutot jouissives; qu’il t’es venu à l’idée d’aller tapiner; qu’il te plaise de confectionner des godes avec tes copines, assortis au plaisir de chacune que tu recherche activement des histoires et films érotico porno fait par et pour des femmes, pour accompagner tes masturbations clitoridiennes quotidiennes; par ce que tu trouverai ça mortel de réaliser photos et/ou court métrage porno diy avec tes potesses fée ministes;… Parce qu’aussi, chemin de vie se faisant, tu rencontres pleins de sorcières débridées sur ta route, des copines call girl; des bouquins tels que « Tales from the clit », « Défaire le genre », « Déviant désires », « Fières d’être putes », « Sexe et utopie »… te tombent entre les mains…

Parce que plus que tout tu emmerdes l’idéologie sexuellement correcte; l’educastration (ou plutôt l’éduexcision), les stéréotypes de genre et les discours du type « une femme c’est… et ça devrait être… ». Du coup, tu tentes de déconstruire au quotidien la morale puritaine et les rapports de domination dans lesquels nous baignons. En bref, défoncer la norme hétéro patriarcale qui nous empêche d’être ce à qua on aspire être »

Pilou Pilou (fanzine), p.8.

 

4. « En quoi sommes nous politico-sexuels et queers? Parce que la société et la culture sont politico-sexuelles. Parce que nous sommes bien placés pour savoir que la séparation public/privé n’existe pas en matière de sexe et de genre. Parce que nous pensons que les catégories sociales, le sexe, le genre et la ‘race’ sont déterminants et opprimants. Parce qu’en ce qui concerne le genre, et notamment le masculin et le féminin, nous savons bien que cette opposition a été construite historiquement, socialement et culturellement à partir du sexe biologique en Occident ».

Q comme Queer (1998). Lille: GayKitschCamp (QuestionDeGenre/GKC)., p. 75

 

5. « […] La réalité « femme » doit disparaître, de même que la réalité « esclave » après l’abolition de l’esclavage, de même que la réalité « prolétaire » après l’abolition des classes et du travail forcé.

[…]. La dénomination « femme » disparaîtra sans aucun doute de la même manière que disparaîtra la dénomination « homme avec la fin de l’oppression/exploitation des femmes en tant que classe. L’humanité doit se trouver un autre nom pour elle-même et une autre grammaire qui en finira avec les genres, l’indice linguistique d’opposition politique. p. 82-83. […] Le genre en tant que concept, exactement comme sexe, comme homme, comme femme, est un instrument qui sert à constituer le discours du contrat social, en tant qu’hétérosexuel. […] Il s’agit de dévoiler que c’est une notion qui ne relève pas de la nature, que le sexe a été artificiellement construit (et nommé notion naturelle), qu’il est une catégorie politique »

Monique Witting, 2007, La pensée straight, Amsterdam, p. 104.

 

6. « Je suis un être humain qui aimerait qu’on ne s’adresse pas à lui en tant que madame ou monsieur. Je préfère user de pronoms de genre neutre pour me définir. Je suis une personne qui se trouve face à une difficulté presque insurmontable lorsqu’on lui demande de cocher un F ou un M sur un papier administratif. Je n’ai pas de problèmes d’être né avec un corps de femelle biologique. Et je ne m’identifie pas plus à un sexe intermédiaire. Seulement, je ne me sens pas de porter les concepts occidentaux dominants de ce à quoi « devrait » ressembler une femme ou un homme.

Et cette réalité a gravement infléchi le déroulement de ma vie. […] Nous sommes un mouvement de femmes biologiques masculines, d’hommes biologiques féminins, de cross-dressers, d’hommes et de femmes transgenre, d’intersexes qui sont nés dans ce large intervalle qu’il y a anatomiquement entre femelle et mâle biologique, de genderblenders, de beaucoup d’autres variantEs de sexe et de genre, et d’autres définitions qui nous sont importantes. En somme, nous élargissons la vision du nombre de manières qu’il y a d’être humainE.

Nos vies sont la preuve que le sexe et le genre sont bien plus complexes que ce que peut déterminer le coup d’oeil d’un médecin dans une salle d’accouchement, bien plus variés que des layettes bleues et roses. Nous sommes oppriméEs parce que nous ne rentrons pas dans ces normes sociales étriquées. Nous contre-attaquons.[…] Pour moi, caractériser l’expression de soi individuelle comme simplement féminine ou masculine est comme demander aux poètes : écrivez-vous en anglais ou en espagnol ? La question laisse de côté la possibilité que la poésie soit composée en chinois ou en latin, en swahili ou en arabe. La question ne prend en compte que les langues dont on a parlé au poète. Elle ignore les mots que chaque personne qui écrit extirpe, petit à petit, de la source commune. La musique que font les mots quand ils se rencontrent pour la première fois. Le silence qui résonne dans l’étendue entre les pensées. Le vent plein de puissance de la passion et de la confiance, qui pousse le poète à écrire.

C’est pourquoi je ne soutiens pas que le genre n’est rien d’autre qu’une construction sociale – un des deux langages que nous apprenons mécaniquement depuis la nuit des temps. Pour moi, le genre est une poésie que chacunE d’entre nous compose, à partir du langage qu’ilelle connaît. Lorsque je me promène à travers l’anthologie du monde, je vois des individus qui expriment leur genre dans des modes délicieusement complexes et toujours changeants, malgré la loi du pentamètre ».

Leslie Feinberg Nous sommes touTEs en devenir

 

7. « Comment expliquer ce qui m’arrive? Que faire de mon désir de transformation? […] Je n’ai pas d’autre alternative que de réviser mes classiques, de soumettre les théories à mon [désire]. Accepter que le changement qui s’opère en moi est la mutation d’une époque »

Beatriz Preciado (2008). Testo Junkie. Sexe, drogue et biopolitique. Parigi: Grasset.

 

8. Je reste debout, « la moitié de mon visage s’inscrit dans le miroir, sans expression ni centre: mes cheveux courts et noirs, mes lentilles de contact dessinent une fine auréole autour de l’iris, ma peau irrégulière, parfois très blanche, parfois mouchetée de brillances rosées. J’ai été assignée femme, mais c’est imperceptible dans l’image partielle que renvoie le miroir. Je commence à me raser la tête, de l’avant vers l’arrière, du centre vers la gauche, puis vers la droite. […] »

Beatriz Preciado (2008). Testo Junkie. Sexe, drogue et biopolitique. Parigi: Grasset., p.17

 

9. « Je me définis No gender […] parce que je n’appartiens pas foncièrement à un genre donné. […] je me sens dans ce genre fluide depuis toujours sans ce besoin d’aller vers…

Je me fous qu’on me féminise mais j’aime aussi qu’on masculinise, souvent d’ailleurs, en privé, dans mes relations, parce que j’en ai besoin, parce que j’aime être dégenrée mais aussi parce que je me sens parfois un parfait connard amoureux. Aussi parce que ça arrive souvent que ce soient mes relations qui le fassent. Elles le sentent et/ou elles le savent parce qu’on en parle, parce que c’est ce qui les attire, cet étrange mélange féminin-masculin présent, ce genre ambivalent.

Ce ressenti, c’est dans les tripes, ça vient de loin. […] Je n’ai jamais lu les théories sur le genre. Je ne suis pas une théorie. Je suis complexe et enchevêtré dans plusieurs sensations. C’est un beau bordel.

Je ne suis pas un homme mais je ne suis pas entièrement une femme. Je suis moi, une entité sans définition claire de genre. […] Pas de jupe, ni d’autres effets féminins mais pas de mécanique non plus. Le trouble putain, le trouble encore. Je me ballade avec une sorte de corps bourré de sa propre liberté de pensée […]. Je ne sais pas si tout est clair. Pour moi, ça l’est parce que c’est tellement profond. C’est aussi pour ça que ma parole ne sera toujours que ma parole. […] Je ne réfléchis jamais en posant la notion de genre. Je réfléchis en étant qui je suis, de l’intérieur un cerveau plat ou bouillonnant mais jamais genré. […] Soumise et insoumise. Masculine et femme. Ou rien de tout ça. Ce corps […] je l’accepte et je le vis pleinement, surtout sexuellement. Avec la maturité, on s’aperçoit qu’il est plus facile et plus intéressant de décloisonner, de passer outre tous les a priori de cette société, casser les clichés, déconstruire ou construire simplement son propre genre, celui où on se sent le mieux. Je ne suis ni noirE, ni blanchE mais flouE… je suis moi »

Dirty Week End (2012). Journal d’une butch par ses mots http://dirty-week-end.blogspot.fr

 

10. « Je traverse la frontière de vos propres névroses

Et m’installe juste là où je veux être,

Où je regarde tel un insecte agacé qui mute

Que vous ne pourrez pas tuer »

Diana J. Torres (2011). Trasfrontera. In Pornoterrorismo. Txalaparta.

 

11. « Je [mute] pour trahir ce que la société a voulu faire de moi, pour écrire, pour baiser, pour ressentir une forme de plaisir post-pornographique, pour ajouter une prothèse moléculaire à mon identité transgenre low-tech faite de godes, de textes et d’images en mouvement […] »

Beatriz Preciado (2008). Testo Junkie. Sexe, drogue et biopolitique. Parigi: Grasset., p.16.

 

12. « Nous savons que le corps s’est mis à signifier comme ça mais que nous pouvons le faire signifier autrement. Le genre peut être pensé comme les effets de certaines pratiques culturelles […]. Mais nous pouvons nous approprier ce processus et faire ce que nous voulons de notre sexe et du masculin et du féminin »

Q comme Queer (1998). Lille: GayKitschCamp (QuestionDeGenre/GKC)., p. 95.

 

13. « Je nomme potentia gaudendi ou ‘force orgasmique’ la puissance (actuelle ou virtuelle) d’excitation (totale) d’un corps. Cette puissance est une capacité indéterminée, elle n’a pas de genre, elle n’est ni masculine ni féminine, ni humaine ni animale, ni animée ni inanimée, elle ne s’oriente principalement ni vers le féminin ni vers le masculin, elle n’établit pas de séparation entre hétérosexualité et homosexualité, être l’objet et le sujet, elle ne connait pas non plus la différence entre être excité, exciter ou s’exciter-avec. Elle ne privilégie pas un organe par rapport à un autre: le pénis ne possède pas davantage de force orgasmique que le vagin, l’œil ou le doigt de pied. La force orgasmique est la somme de la potentialité d’excitation inhérente à toute molécule vivante. La force orgasmique ne cherche pas sa résolution immédiate, elle n’aspire qu’à se déployer dans l’espace et le temps, vers tout et vers tous, en tous lieux et à tout moment. C’est une force de transformation du monde en plaisir-avec. La potentia gaudendi réunit toutes les forces somatiques et psychiques, sollicite toutes les ressources biochimiques et toutes les structures de l’âme ».

Beatriz Preciado (2008). Testo Junkie. Sexe, drogue et biopolitique. Parigi: Grasset., p. 40.

 

14. « J’existe à travers ce trouble mais aussi par cette force, cette liberté […]. Je m’octroye le droit d’être ce que je décide quand je le décide. Rien n’est posé, rien n’est parfait ».

Dirty Week End (2012). Journal d’une butch par ses mots http://dirty-week-end.blogspot.fr

 

15. Nous sommes des « ‘pirates du genre’, gender hackers »

Beatriz Preciado (2008). Testo Junkie. Sexe, drogue et biopolitique. Parigi: Grasset., p. 50.

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L’euphorie du corps rebelle http://www.zarrabonheur.org/performer/leuphorie-du-corps-rebelle-2/ Wed, 11 May 2016 16:40:41 +0000 http://www.zarrabonheur.org/performer/?p=736  

Atelier cabaret postporno : comment transformer le corps en champ de bataille et de jeu

La mémoire de nos corps est faite de mots et de signes.
Des mots qui nous ont marqué.e.s, qui ont ouvert avec joie et fermé avec violence nos parcours vitaux, nos aventures, nos réalisations intimes.
Des signes qui sont restés collés à notre peau pour nous rappeler des souffrances, des mutations, le prix de notre liberté. Nous voulons nous réapproprier ces mémoires : avec l’arme de l’ironie nous les ferons devenir un spectacle, nous allons mettre en scène la peur et le courage qui nous ont fait devenir ce que nous sommes.

Zarra Bonheur – collectif transnational de recherche et production artistique – propose une expérience de création partagée et un spectacle DIY axé.e.s sur la relecture du corps comme texte et sur l’expérimentation performative multimédia.
Deux journées d’auto-narration, partage et invention qui vont se conclure avec la réalisation d’un cabaret collectif formé par des sketch drôles, dramatiques et tragicomiques qui, à travers des médias divers (musique, photos, vidéos, danse), raconteront les histoires de nos corps et leurs trajectoires de libération.
Chaque participant.e sera invité.e à recueillir à l’avance des idées et des documents de tous genres qu’on partagera et ré-élaborera ensemble pour construire des restitutions performatives qui constitueront le cabaret.
Nous allons travailler sur l’empathie comme force conductrice pour faire de la scène un espace à travers, convivial, grâce au renforcement des compétences de chaque personne et des compétences nouvelles qu’on va acquérir ensemble. Nous allons stimuler le contact et la complicité entre les corps, nous allons valoriser les affinités et les divergences pour représenter l’éventail de toutes les façons possibles de sortir les corps de l’oppression que nous vivons comme sujets hors norme ou dérangeants.

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Urban Drag http://www.zarrabonheur.org/performer/urban-drag-fr/ http://www.zarrabonheur.org/performer/urban-drag-fr/#respond Thu, 05 May 2016 16:45:05 +0000 http://www.zarrabonheur.org/performer/?p=742 ]]> http://www.zarrabonheur.org/performer/urban-drag-fr/feed/ 0 King Kong Ladies http://www.zarrabonheur.org/performer/king-kong-ladies-fr/ http://www.zarrabonheur.org/performer/king-kong-ladies-fr/#respond Sun, 11 May 2014 19:30:22 +0000 http://www.zarrabonheur.org/performer/?p=769 Reading de Slavina  et  Rachele

18 mai 2012, Queer it party !, Casa Internazionale delle donne, Rome

Rachele lit Le Manifeste des amours queer de Coralia Herrera Gomez (traduction de Slavina) et Dirty Week End de Dirty

 

 

Les textes

MANIFESTE DES AMOURS QUEER (traduction de l’espagnol et de l’italien de Rachele et Elise Jammot)

  1. L’Amour Queer est un processus de jouissance et non un but à atteindre.

2.Les amours Queer renient les histoires d’amour classiques, qui promettent le bonheur éternel, et se proposent de mettre fin à l’exclusivité sur les pénis, les chattes et les cœurs des autres.

  1. Les amantEs queer rejettent la tyrannie de l’orgasme et élargissent l’érotisme au corps dans son intégralité, sans se limiter aux organes génitaux, en développant la sensibilité de toutes les parties, à la découverte de nouveaux parcours sexuels, au-delà de la gymnastique pornographique traditionnelle.
  2. Les amours queer ne partagent ni les espoirs d’éternité, ni le traumatisme du divorce, car ils/elles vivent les histoires jusqu’à ce qu’elles se terminent, heureux de les avoir vécues et sans avoir la sensation d’avoir perdu quelque chose pour toujours.
  3. Les amantEs queer  sont dégoûtéEs par l’enfer de la cohabitation forcée, et nient  l’idéalisation et la déception constante du couple traditionnel. Ils/elles ne veulent pas suivre le modèle monogame, reproductif et hétérosexuel qui nous est imposé par les industries culturelles à travers leurs productions audiovisuelles. Les amantEs queer ne souffrent donc pas de la frustration créée par l’amour romantique et ils/elles est heureux/ses de profiter de la vie, du sexe et des émotions avec des personnes faites de chair et d’os.
  4. L’amour queer soutien les relations fondées sur la liberté et le désir de partager, sur l’autonomie des amoureux/ses et sur la rupture avec la division traditionnelle des rôles qui partagent les tâches de façon inégale et abusive.
  5. Chacun.e a le droit de vivre ses performances d’amour initiées entre deux ou plusieurs personnes pour vivre une illusion fictive à travers le corps et le sexe. Ils/elles peuvent également vivre des amours virtuels, impossibles ou platoniques, à l’âge qu’ils/elles veulent et avec qui ils/elles veulent, en se foutant du réalisme.
  6. Les Amours Queer défendent une société où l’érotisme est libéré de la répression émotionnelle et physique des corps, et où tous et toutes peuvent entrer en relation l’un.e avec l’autre en toute liberté et de la façon qu’ils/elles choisissent. C’est pourquoi chaque amour queer est différent; car il y en a autant de sortes que de personnes détournées de la normalité hétéro, homophobe et misogyne.
  7. Les amantEs queer sont des personnes périphériques, mais n’excluent personnes. Le mouvement queer comprend les hommes, les femmes, les intersexuéEs, les transgenres, les travestiEs, les pédés et les gouines, les prostituées, les putes, les noirEs, les escorts, les latinos, les gens de tous âges et de toutes classes socio-économiques, de tous les goûts, de toutes les races et les religions, sans discrimination ni étiquettes.
  8. L’amour Queer est bisex, trisex, et s’étend à l’infini. Il ne catégorise pas l’orientation sexuelle traditionnelle (homo, hétéro, bisexuels), car il ne définit pas seulement la relation comme « une chose à deux», ni ne divise l’Humanité en deux genres opposés (femmes, hommes), étant donné le nombre de degrés d’intensité que les identités postmodernes ont, et le nombre de masques et de performances théâtrales qu’on est capable de mettre en place en une seule journée.
  9. Les amours queer incluent également les personnes asexuées, les solitaires et les confus, les dépendants sexuels et ceux/celles qui n’ont aucun désir, les freaks, les bizarres, les minorités de toutes sortes, et tous ceux/toutes celles qui sont curieux d’élargir les horizons de leur esprit, leur corps et leur sexualité.
  10. L’amour queer n’exclut ni le sexe du sentiment, ni le sentiment du sexe. Les relations Queer ne  divisent pas la population entre les gens avec qui l’on baise et ceux/celles dont on tombe amoureux.ses, parce que tout le monde est baisable et aimable.

Les amantEs queer assument leurs contradictions et ne font pas la distinction entre le corps et l’âme, l’esprit et l’émotion, mais vivent les expériences dans leur ensemble, les acceptant et s’enrichissant de la complexité des sentiments et du désir humain.

  1. L’amour queer explore les relations de pouvoir, les mène vers les jeux sexuels et les libère des catégories binaires de soumission-domination. Les relations queer veulent être égalitaires parce qu’une fois les classifications discriminatoires disparues, personne n’est supérieur.
  2. Les amours queer rejettent la nécessité comme base d’une relation amoureuse et dénoncent le rapport de dépendance mutuelle (affective et économique) qui soutien le système amoureux patriarcal. L’amour du désir est plus beau que celui du contrat.
  3. L’amour queer estime qu’aucune institution (ni l’Église, ni les Ministères, ni l’État) ne devrait continuer à avoir du pouvoir sur la vie privée des individus, sur leurs relations sexuelles et amoureuses, sur leur vie reproductive. Celui/celle qui aime n’a besoin d’aucune bénédiction, juste de la liberté d’aller et venir, aimer et partager, sans ces liens qui transforment l’engagement en une prison.
  4. Les queer ne discriminent une personne pour sa grande ou petite taille, sa minceur ou son obésité, ses rides, ses imperfections ou ses malformations; l’amour queer libère de la tyrannie de la beauté et du fascisme du culte du corps.
  5. L’amour queer dénonce l’hypocrisie du romantisme bourgeois qui mène de la fidélité des femmes et la promiscuité masculine, à l’adultère et la prostitution comme moyen de fuir l’ennui du mariage.
  6. Les relations sexuelles et affectives doivent s’éloigner de l’égoïsme intrinsèque au système capitaliste et démocratique, fondé sur le désir de posséder les corps et les esprits des autres. En tant que personne, nous devons nous libérer de la fidélité en tant qu’exigence pour vivre une aventure amoureuse avec quelqu’un et cesser de considérer les autres comme des objets faits pour notre plaisir.
  7. Les amours queer sont dynamiques, vivants et en mouvement permanent. Et ce n’est pas pour cela que leurs sentiments sont moins profonds, ils sont au contraire plus authentiques, parce qu’ils ne sont pas soumis à des tabous, des interdictions, des normes rigides.

Les amours queer s’éloignent du mensonge et de la trahison, de la culpabilité et de la répression, car ils n’ont pas besoin de ça pour se lier à d’autres personnes libres.

  1. Les amours queer n’ont pas non plus besoin des structures amoureuses traditionnelles. Ils travaillent à la création de nouvelles structures plus ouvertes et plus souples, où les gens jouissent plus et rêvent moins. L’aventure d’inventer des nouvelles formes est passionnément queer parce que chacunE se crée les siennes avec ceux qu’il/elle veut. Les amours queer se retro-nourrissent, ne meurent pas, parce qu’ils ne sont pas concentrés, mais se répandent et se multiplient. Ils ne se détruisent pas, mais s’auto-régénérent, en créant des réseaux, en combinant des substances chimiques, insatiablement.

 

<a href= »http://dirty-week-end.blogspot.it/?zx=2dd7f124dfb21c03″>DIRTY WEEKEND, JOURNAL D’UNE BUTCH PAR SES MOTS</a>

Je vais essayer de répondre à cette difficile question de la définition de mon genre ou plutôt de mon non-genre.

Je me définis No gender (mais aussi souvent, même très souvent butch et parfois transgenre) parce que je n’appartiens pas foncièrement à un genre donné. Sans doute que cela se rapproche des FtX ou FtUnknow (female to x, female to Unknow) mais je n’aime pas, pour moi, le Female to parce que je ne transitionne pas, je ne transitionnerai sans doute jamais et que je me sens dans ce genre fluide depuis toujours sans ce besoin d’aller vers…

Je me fous qu’on me féminise mais j’aime aussi qu’on masculinise, souvent d’ailleurs, en privé, dans mes relations, parce que j’en ai besoin, parce que j’aime être dégenrée mais aussi parce que je me sens parfois un parfait connard amoureux. Aussi parce que ça arrive souvent que ce soient mes relations qui le fassent. Elles le sentent et/ou elles le savent parce qu’on en parle, parce que c’est ce qui les attire, cet étrange mélange féminin-masculin présent, ce genre ambivalent.

Ce ressenti, c’est dans les tripes, ça vient de loin. Je n’ai aucun besoin de changer mon corps, celui ci s’adapte à mes propres désirs, avec ses propres attitudes, qu’elles soient masculines ou parfois plus féminines (oui ça m’arrive).

Je n’ai jamais lu les théories sur le genre. Je ne suis pas une théorie. Je suis complexe et enchevêtré dans plusieurs sensations. C’est un beau bordel.

Je ne suis pas un homme mais je ne suis pas entièrement une femme. Je suis moi, une entité sans définition claire de genre. Oui, on m’a assigné meuf dès ma naissance mais ça ne m’a jamais posé de souci puisque j’ai sans doute eu la chance d’avoir toujours eu ce fort caractère et d’avoir pu imposer depuis tout môme ma façon d’être. Pas de jupe, ni d’autres effets féminins mais pas de mécanique non plus. Le trouble putain, le trouble encore.

Je me ballade avec une sorte de corps bourré de sa propre liberté de pensée (Florent Pagny sort d’ici !). Je ne sais pas si tout est clair. Pour moi, ça l’est parce que c’est tellement profond. C’est aussi pour ça que ma parole ne sera toujours que ma parole.

Jamais je ne pourrais dire ou écrire là dessus pour d’autres parce que l’intime ne touche qu’à soi-même (même si on partage cette intimité)

Je suis et j’espère, serai, toujours fière d’avoir un vagin, d’être une meuf, une gouine. Même si parfois, j’ai un rejet de mon corps, ce n’est d’ailleurs pas le fait d’être une meuf qui me dérange. C’est plutôt lié à la grosseur de ce corps. Ca aussi, ce serait un sacré sujet d’échange, parce qu’il y en a dire sur ces putains de normes qu’on nous impose et que parfois, même entre nous, je peux sentir bien présentes. Je ne juge pas puisque moi aussi je me les inflige ces foutues codes, ces standards.

Je ne réfléchis jamais en posant la notion de genre. Je réfléchis en étant qui je suis, de l’intérieur un cerveau plat ou bouillonnant mais jamais genré.

J’existe à travers ce trouble mais aussi par cette force, cette liberté (c’est une notion que je ressens très présente et je ne crois pas que ce soit anodin par rapport à cette question de genre).

Je m’octroye le droit d’être ce que je décide quand je le décide. Rien n’est posé, rien n’est parfait.

Peut-être qu’en étant gouine, butch (très masculine) , j’ai eu la chance aussi d’avoir pu expérimenter toute sorte de sexualités avec des meufs, que j’ai ainsi pu me retrouver avec d’autres butch dans des relations plustôt gay (pd), avec des fem (filles féminines version politique) plus dans une sorte de binarité (vade retro) mais même là, le trouble existe. Je ne prends jamais autant de plaisir que quand une fem me baise en se collant derrière moi. Soumise et insoumise.

Masculine et femme. Ou rien de tout ça.

No gender.

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Maniqueer http://www.zarrabonheur.org/performer/maniqueer-fr/ http://www.zarrabonheur.org/performer/maniqueer-fr/#respond Sat, 18 Jan 2014 22:45:44 +0000 http://www.zarrabonheur.org/performer/?p=797 Gay Men, Lesbians and Sex, Pat Califia, 1983 (traduction française « Des gays, des lesbiennes, et du sexe : tous ensemble », in Sexe et utopie, La Musardine)

Festival Da Mieli a Queer, Roma, 5 avril 2013Gay Men, Lesbians and Sex, Pat Califia, 1983

Festival Da Mieli a Queer, Roma, 5th april 2013Testo tratto da Gay Men, Lesbians and Sex, Pat Califia, 1983 (traduzione dal francese « Des gays, des lesbiennes, et du sexe : tous ensemble », in Sexe et utopie, La Musardine, 2008 di Zarra Bonheur)

Festival Da Mieli a Queer, Roma, 5 aprile 2013

Faccio sesso con i froci.
E sono lesbica. Siete perplessi ? Vi starete chiedendo come sia potuto accadere ad una donna che ha un passato senza macchia di militante separatista lesbica, una donna che, prima di fare coming-out, è stata solo con tre uomini (e pure uno alla volta…), una donna che si sente gridare lesbica di merda almeno una volta alla settimana, una donna che ha dormito (e mica solo dormito) con centinaia di altre donne.
Per spiegarvelo, bisogna risalire al 1977.

Quelli che non sono pronti a sentire il seguito sono autorizzati a lasciare la sala. Senza sbattere la porta uscendo, grazie. In realtà, come fate a essere sicuri di chi siederà sulla vostra faccia domani ?

Nel 1977, quando ho comprato il mio primo collare per cani, la comunità lesbica SadoMaso non esisteva. C’era forse qualche lesbica che aveva una corda (non quella per i panni) – ma io non ne conoscevo. Quindi, appena ho sentito parlare di un gruppo di donne SM, ci sono andata, anche se la maggior parte delle partecipanti erano etero o bisessuali. Sono stata piacevolmente sorpresa quando ho scoperto che la maggior parte di loro erano oneste e intelligenti perverse e pure PAUSA femministe ! Una di loro, una dominatrice professionista, è diventata la mia mistress. Lei trovava la scena SM etero piuttosto triste, per questo frequentava un piccolo gruppo di uomini gay che praticavano il fisting e l’SM. Era molto amica di un tipo che organizzava serate private di fisting in cantine ben attrezzate. Questo club si chiamava Le Catacombe.

Siamo diventate amanti e il Natale dell’anno dopo lei mi ha portato ad una di queste serate.

C’erano una quindicina di uomini circa. Noi due eravamo le sole donne. Abbiamo mangiato, poi tutti hanno cominciato a spogliarsi. Io mi sono ritrovata seduta da sola in un angolo a chiedermi se mi sarei annoiata per tutta l’orgia, anche perché la mia ragazza si era eclissata col tipo del locale. Ad un certo punto, un uomo alto e bello (anche se un po’ magro) si è seduto vicino a me e mi ha detto :

« Buongiorno, mi chiamo Mario. Ti andrebbe di fistarmi ? »

Ho preso un bel respiro e ho risposto :

« Sì, mi piacerebbe ma devi farmi vedere come si fa ».

Ha detto di sì. Mi ha dato una lima e mi ha mostrato come farmi la manicure per penetrarlo con la mano.

Ha accettato di dare istruzioni ad una novizia come me piuttosto che aspettarsi che io lo facessi andare fuori di testa con pratiche da esperta sessuale. Il suo modo di fare era molto rassicurante. Quando Mario ha valutato che le mie mani fossero pronte

siamo andati di sotto, abbiamo preso asciugamani e vaselina poi ci siamo arrampicati sul materasso ad acqua.
Mario si è sdraiato sulla schiena. Si è messo le braccia intorno alle gambe e le ha allargate. Io ho messo un primo pugno di grasso nel suo culo. Avevo l’impressione di nutrire un animale affamato – un animale che mi rispondeva. Le sue istruzioni (quando spingere e quando tirare indietro) erano talmente precise che sono entrata facilmente. Lontano ? Non mi ricordo. A me sembrava molto lontano. Ad un certo punto, mi sono ripresa e mi sono resa conto di quanto questo uomo, grande, che si teneva le gambe e ansimava in modo incontrollato mentre mi spingevo dentro di lui, fosse vulnerabile. Le pareti del suo intestino erano la cosa più dolce, leggera e fragile che avessi mai toccato prima ; mi stringevano la mano e l’avambraccio.

Credo di aver pianto. Sono sicura di essermi bagnata.
Ecco come tutto è cominciato.

Non saprei dire esattamente in quanti uomini ho affondato le mani, a pensarci mi viene un senso di vertigine. E’ impressionante pensare di essere così vicino ad un altro essere umano.
Tra i flaconi di vaselina ho spesso riflettuto su come si possa superare la frontiera del genere durante questo tipo di sesso. Prima di tutto il fisting non si concentra sugli organi genitali. Nelle serate di fisting gli uomini non si interessano alla mazza degli altri, ma a mani e avambracci. E’ normale per dei fister passare anche tutta una notte senza un’erezione. Il top con mani piccole è ricercato e la mia misura di guanto è popolare.

Appena ho avuto un po’ più d’esperienza nella comunità SM, mi sono resa conto che anche questa era una sessualità che permetteva di superare le rigide frontiere dell’orientamento sessuale. Ho incontrato lesbiche che si scopavano etero per soldi, come ho fatto anch’io. Ho incontrato etero che inculavano o si facevano inculare da altri uomini se la loro mistress glielo chiedeva. E siccome lo facevano sotto l’autorità di una donna, pensavano di avere un comportamento eterosessuale. Ho pure incontrato molti bisessuali che non avevano bisogno di nessuna scusa.

Insomma, tutte queste esperienza messe insieme rappresentano uno stile di vita che non corrisponde agli stereotipi omosessuali.

Io abito con una donna che è la mia mistress da cinque anni.
Ogni tanto ho rapporti con uomini gay.
Intrattengo una relazione con un uomo omosessuale che non utilizza il termine gay. E mi definisco lesbica.
Ho erotizzato il lato queer, gay o omosessuale negli uomini e nelle donne. Trovo sexy l’uomo leathr

e la drag queen,

come la butch

con i capelli pieni di brillantina

e la fem

in minigonna e tacchi alti.

Il nostro comportamento attuale (rispetto all’ideologia che vuole che l’omosessualità significhi « avere rapporti sessuali unicamente con persone dello stesso sesso ») mi porta a farmi delle domande sulla natura dell’orientamento sessuale, sul modo in cui la gente lo definisce e come sceglie di lasciare che queste definizioni controllino e limitino la propria vita.

[Ancora oggi] dentro al movimento, le persone insistono su una forma di purezza che non c’entra molto con la tenerezza, il desiderio sessuale o la militanza politica. Essere omosessuali diventa uno stato di grazia sessuale, paragonabile alla verginità. Il proselitismo fanatico in favore di un comportamento omosessuale al cento per cento mi fa spesso pensare ad una paura superstiziosa di contaminazione o di inquinamento. Essere gay o lesbica, diventa più un’avversione per l’altro sesso che un apprezzamento del proprio sesso, e degenera in separatismo controproducente e distruttore.
E’ strano che l’orientamento sessuale venga definito solo in relazione al proprio partner.

Perché, porca miseria, l’etichetta ‘orientamento sessuale’ non ci dice un bel niente della vita sessuale delle persone !
Per molte persone, se un/una partner o una certa situazione sessuale è attraente, si può chiudere un occhio sul sesso del partner.

Qualche esempio ?

una preferenza per il sesso di gruppo, per chi ha un background socioeconomico particolare, per sesso remunerato, per l’SM, per una fascia d’età specifica, per una razza o un fisico particolare, per sesso orale o anale.

Non dico che in un’utopia sessuale saremo tutti bisessuali. Non c’è niente di male ad avere rapporti sessuali esclusivamente con persone del proprio sesso, o anche del sesso opposto. Ma mi pare che le persone omosessuali abbiano risposto alla persecuzione e all’omofobia creando miti sull’omosessualità.
Ma nel momento in cui il desiderio e le pratiche entrano in conflitto con la teoria, è forse tempo di riesaminare la teoria.
Lesbiche e gay hanno esperienze con persone del sesso opposto. Fine della storia.

Se vi state chiedendo come mai, vi dirò, per quanto mi riguarda, che io ho imparato un sacco di cose scopando con amici e amanti gay.

e questo mi ha anche permesso di far uscire alcuni pregiudizi che avevo interiorizzato su cosa dovrebbe nascondersi dietro il fatto di essere lesbica. Sapete bene cosa si dice : una lesbica non può attrarre un uomo e tutto il blablabla psicologico sull’invidia del pene.

Sì, certo, mi capita di pensare che sarebbe carino avere il cazzo. Adoro inculare la gente, e siccome c’è tutto un simbolismo culturale legato al fatto di essere inculato con un cazzo, invece che con le dita o il dildo, mi piacerebbe provare.

Ma so usare un dildo meglio di quanto non sappia fare qualsiasi ragazzo etero, inoltre, posso cambiargli la taglia. E comunque, dopo che avete messo due mani nel culo di qualcuno, non siete più gelosi di un cazzo. Nessun cazzo è così grosso.
E quindi, sì, mi piacerebbe averne uno e ci penso ogni tanto, però vorrei anche poter togliermelo quando voglio e lasciarlo sullo scaffale

Non voglio doverlo rimettere a posto nelle mutande ogni volta. E mi piace molto sedermi per fare pipì. E’ più comodo per leggere e quando sei fuori, l’erba ti solletica la fica.

E poi, nonostante il fallo nella nostra cultura sia stato mitizzato come simbolo di potenza, a me sembra che i cazzi siano più fragili del termonucleare. Ti rende così vulnerabile un’erezione e io per fortuna non devo farne l’esperienza ogni volta che voglio far passare a qualcuno o qualcuna una notte indimenticabile.

io mi autorizzo tutto il piacere, il desiderio, l’euforia, la gioia, l’amore che posso trovare nelle relazioni, alla faccia dell’ostilità, dell’ignoranza e dell’angoscia che bloccano le relazioni e la sessualità umana.

E io al piacere e al desiderio, vado incontro anche stasera. Io e la mia ragazza, abbiamo appuntamento con dei tipi al Teatro Valle. Se i dettagli di questa immagine – che vi lascio indovinare – non vi vanno giù, considerate la cosa in maniera astratta. Pensatela come un bel esempio di solidarietà gay/lesbica.

Queer che fanno cose queer insieme…

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Géographie et sexualités : repolitiser la ville http://www.zarrabonheur.org/performer/geographie-et-sexualites-repolitiser-la-ville-2/ http://www.zarrabonheur.org/performer/geographie-et-sexualites-repolitiser-la-ville-2/#respond Sat, 18 Jan 2014 17:14:40 +0000 http://www.zarrabonheur.org/performer/?p=728 Géographie et sexualités : repolitiser la ville

 

Publié par Les Cafés Géo, le 6 septembre 2014 à 15:57 | Rubrique : Les comptes rendus, Paris

 

Café géographique au Café de Flore, Paris
Mardi 27 mai 2014

Avec Cha Prieur et Rachele Borghi (Université Paris-Sorbonne)
Animation Judicaëlle Dietrich

Rachele Borghi revient sur ces thématiques courantes mais peu connues, car invisibilisées ou ignorées. On pense parfois que ces questions ne concernent pas la géographie. L’idée est d’expliquer comment des géographes regardent la ville, et plus largement l’espace, en ajoutant une catégorie d’habitude cantonnée à la chambre à coucher. A travers la sexualité, on mélange les autres catégories pour faire sortir quelque chose du chapeau.

La géographie des sexualités est assez ancienne

Les lectures des sexualités dans les espaces urbains datent déjà des années 1970 aux Etats-Unis. On s’est alors surtout penché sur les formes spatiales des communautés gays et lesbiennes qui polarisaient les questionnements initiaux : les sexualités autres. Le principal apport de la géographie à l’époque était de cartographier des zones résidentielles gays dans les villes américaines. Culture, consommation, espace urbain : les communautés gays interviennent dans le processus de gentrification des villes. Dans les années 1990, la question est abordée différemment : comment l’hétéronormativité influence l’espace public. L’espace public n’est pas qu’un support, une scène, mais il est conçu selon des normes hétérosexuelles et influence les normes sexuelles. L’hétéronormativité apparaît comme une injonction, une obligation. On la transforme en norme. Les hétérosexuel.le.s ont un accès légitime à l’espace public. Les sexualités produisent des espaces d’inclusion et d’exclusion. On abandonne l’approche cartographique et on se concentre sur les rapports entre espace, identité et pouvoirs. On crée des espaces de pouvoir, avec des catégories dominantes. La géographie féministe renouvelle ces questionnements. L’idée était de rendre visibles les sexualités dissidentes, afin de résister à l’hétéronormativité. S’y ajoutent l’étude de la bisexualité, et l’étude des trans. Ces sexualités et ces genres non normatifs ont un impact sur l’espace.

Les points faibles sont les suivants : la production scientifique est très liée au contexte gay, des hommes blancs étudient des zones commerciales, où la culture gay était prévalente. Le point fort creusait le lien entre sexualité et espace. Cela éclaire la production de connaissances géographiques – des connaissances situées, qui viennent d’un certain point de vue. Il faut voir comment le monde académique est lui aussi hétéronormé. Le prisme de la sexualité visibilise le caractère situé de la production de la connaissance, surtout assurée par des hommes blancs, riches, hétérosexuels.

En France, les études en géographie de la sexualité sont de plus en plus répandues. Le travail de Marianne Blidon a porté l’attention sur le fait que les personnes ne se questionnaient pas sur ces problématiques de recherche. Le monde académique français devait alors considérer un objet jusque-là considéré comme illégitime.

Charlotte Prieur définit les géographies queer

Le terme est employé depuis la fin des années 1990 en géographie anglophone. Mapping desire de Bell et Valentine date de 1995 et définit déjà les termes de queer et queer space. Queer était initialement une insulte à l’encontre des homosexuels et des travestis. Cette insulte a été réappropriée par une frange de ceux qu’on appelait les homosexuels, en signe d’empowerment, afin de porter cette identité. Le terme est très polysémique. Il faut donc saisir les lignes de définition :

1- Non hétérosexuel. Personne n’ayant pas une sexualité hétérosexuelle ou monogame, dans une visée reproductive

2- Les queer ne s’assimilent pas aux catégories gay et lesbienne, car ils critiquent l’homonormativité. Ils reprochent aux gays et dans une moindre mesure aux lesbiennes de reproduire une forme de norme, excluant entre autres les transgenres et les bisexuels. Ils dénoncent aussi le sexisme présent dans les quartiers gay.

3- Théorie queer mais aussi milieux militants queer.

On passe d’UNE géographie des sexualités à une multiplicité des géographies et des théories queer.

Ces théories et ces géographies queers ont une origine bien particulière. Le post-modernisme a beaucoup influencé. Francine Barthe, Béatrice Collignon, JF Staszak, Claire Hancock, Louis Dupont défendent cette position.

Béatrice Collignon et Jean-François Staszak l’expriment notamment dans un article qui a fait suite au fameux débat sur l’intérêt du postmodernisme dans l’Espace Géographique. Ils affirment :

« Plus que par de nouveaux objets, la géographie postmoderniste se caractérise par de nouvelles approches. À propos des quartiers homosexuels, elle met notamment en avant la construction sociale et spatiale de la norme hétérosexuelle pour interpréter ces quartiers en termes de stratégies communautaristes et d’exclusion. On ne peut comprendre l’existence du quartier gay sans partir d’une interrogation sur ce que c’est qu’être homosexuel, sans déconstruire les catégories homo-/hétérosexuel. »(Collignon et Staszak, 2004, 40-41)

Cette approche permet de faire apparaître la construction sociale et spatiale de la norme hétérosexuelle pour interpréter ce quartier en termes de stratégies communautaristes. Il faut déconstruire la catégorie homosexuelle pour comprendre ce quartier.

Les théories féministes ont aussi joué un rôle majeur

Duncan, Massey, McDowell, G Valentine, G Rose ont assuré la transition entre théories féministes et théories queer. En France, longtemps il y a eu une opposition entre théories féministes et théories queer. Nathalie Oswin n’est pas du tout d’accord avec la définition de queer space de Bell et Valentine : car ces dernières utilisent queer comme synonyme d’homosexuel, occultant une partie de la population. L’appropriation de l’espace par les bi et trans déconstruisent les catégories. Si vous déstabilisez la binarité hommes/femmes, vous déstabilisez les catégories hétérosexuels/homosexuels. Déconstruire une de ces dichotomies déstabilise forcément l’autre. Les géographies queers vont au-delà des dichotomies hommes/femmes, espace public/espace privé, homosexuel/hétérosexuel. L’idée est d’étudier les communautés résistant à différents types de normativité.

De nouvelles pistes émergent : l’entre-deux des genres et des sexualités. Les genres sont perçus comme fluides : comment cette fluidité peut prendre place dans l’espace, et y-a-t-il des lieux autorisant l’expression de cette différence ?

Les lieux queer ne sont pas des quartiers gays et prennent diverses formes, depuis les saunas lesbiens de Toronto aux événements éphémères. Les trans ne se sentent pas à l’aise dans les lieux gays, donc mettent en avant des lieux queer qui ont une spatialité et une temporalité propres, bien différentes du quartier gay.

Dans sa recherche, Charlotte Prieur a commencé par faire une géographie assez « classique », une cartographie des lieux queers à Paris et Montréal mais leurs caractères éphémère et réticulaire lui ont permis de repenser des notions fondamentales de la géographie comme celle de lieu. En effet, les lieux queers se situent très souvent hors des quartiers gays et ne sont pas fixes. Il s’agit souvent de lieux éphémères qui se développent selon les événements proposés la plupart du temps via les réseaux sociaux, notamment Facebook.

Cela lui a permis aussi d’ouvrir de nouvelles perspectives, de réfléchir à des concepts qui sont moins interrogés comme celui de safe space en questionnant par exemple l’intérêt de rendre les lieux queers sûrs. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Pour qui ces lieux étaient-ils sûrs ?

On peut aussi étudier les hétérosexualités non normatives : les quartiers de prostitution, ou les pratiques considérées par la société normative comme perverses ou sortant des normes, cf travail du sexe, sadomasochisme, pratiques sexuelles non normatives (telles que BDSM) peuvent aussi créer des espaces éphémères et réticulaires.

Enfin, les géographies queers vont au-delà des sexualités

Ces géographies sont aussi sociales, culturelles et politiques. Le concept d’intersectionnalité permet de ne pas surestimer le caractère critique de la seule déconstruction des catégories sexuelles. Il faut réfléchir à la reproduction des normes et aux rapports de pouvoir et de domination et ne pas invisibiliser les rapports de classe, de race et de genre. II faut au contraire les étudier ensemble. Queeriser notre analyse nous aide à positionner la sexualité au sein de constellations de pouvoir.

Cette géographie permet de comprendre les intersections : approches féministes, post-coloniales et matérialistes.

En France, on oppose traditionnellement géographie sociale et géographie culturelle, alors que la géographie anglophone ne les oppose pas. La géographie queer est donc à l’intersection de divers courants géographiques.

Qu’est-ce que la géographie des sexualités change et/ou apporte à la géographie en général

La vision de l’espace n’est plus dans le comptage des lieux. Il y a une prise en compte des corps dans leur matérialité, y compris celui du ou de la chercheur/se. Cela questionne aussi nos méthodes de recherche en géographie. Dans Queering methods and methodologies(2010), J. Halberstam propose de faire feu de tout bois face à un sujet nouveau, encourageant à la créativité. Il parle de « scavenger methodologies » ou méthodologies de flibustier. Aucune méthode n’est mauvaise en soi. Il y a bien sûr une attention portée aux catégories utilisées. Cela force à réfléchir à notre rapport aux personnes sur/avec lesquelles on travaille. Dans les quartiers gay, Charlotte Prieur ne voyait ni femme ni personne trans. Des lieux très normés finalement. Les lieux queer de Montréal, eux, sont beaucoup moins normés. Ces milieux sont devenus des lieux de vie pour Charlotte Prieur. Les personnes ne devenaient plus des enquêté.e.s mais des ami.e.s voire des collègues. Quel statut donner aux personnes dans ces espaces et dans sa recherche ? Plus que de simples enquêté.e.s ! De même la restitution de la recherche change. Ces personnes aident à co-construire sa recherche et font avancer sa propre pensée. Il faut donc développer des formes de restitution militante, mettre en place des espaces bienveillants, afin de ne pas reproduire une méthode coloniale et surplombante.

Rachele Borghi réfléchit sur la notion de performance

On parle beaucoup de tournant performatif. Le concept de performance est utilisé dans les travaux de Judith Butler : performance du genre – chaque personne réitère certaines postures, certains mots, certaines pratiques, et donc réitère une idée du genre en le naturalisant. Si une femme s’assoit d’une certaine façon ou touche sa chevelure d’une certaine façon, on va la qualifier de féminine. Une femme écartant les jambes pour s’asseoir va remettre en question sa féminité. La performance souligne l’apprentissage de la féminité et de la masculinité : on regarde et imite les autres, sans que tout cela soit explicité. Des langages avec lesquels on s’exprime reproduisent des choses dont on n’a pas conscience de faire. Il s’agit d’un langage performatif (cf « c’est une fille » va-t-on dire à la maternité. Cela révèle certaines caractéristiques définies par la médecine, cela va au-delà du constat. On naît nu mais on est déjà bien habillé par notre bagage de genre). La géographie a repris toute cette notion de performance et l’a reportée au rapport entre individus et espaces. Le corps est pris comme une sorte de lieu qui rentre en relation avec d’autres espaces. Le corps comme un lieu et comme une sorte de laboratoire : on peut travailler sur notre corps et apprendre à habiter notre corps. Les personnes ayant des corps considérés comme hors-normes doivent apprendre à les habiter. Le corps en géographie est étudié en tant que lieu et en tant qu’outil, comme un instrument pour rendre visibles certaines choses et véhiculer certains messages. Rachele Borghi s’est intéressé aux performances dans l’espace public par des sujets voulant s’engager dans certaines batailles pour la justice spatiale, afin d’accéder à l’espace public en mettant en scène le corps. Il peut y avoir une forme de fierté d’être hors norme mais surtout l’idée est de faire de son corps un outil pour porter un message, un objet politique. Une performance renvoie à des actions dans l’espace public : cf l’hommage à la femme du soldat inconnu du MLF ou encore le mouvement post-porn qui utilise le corps dans l’espace public pour poser la question des migrations par exemple. Selon Amandine Chapuis, géographe spécialiste de la notion de performance, la performance désigne la pratique en situation d’un individu en ce qu’elle participe à la reproduction et.ou à la subversion de ces normes. Le corps est mis en relation avec la production des identités.

Quelle est la place et la légitimité du champ de la géographie des sexualités en France ?

Ce champ a acquis une légitimité depuis la thèse de Marianne Blidon en 2007, permettant à d’autres chercheurs de s’interroger sur cette question. Il y a toutefois une forme d’homophobie intériorisée. Il faut donc réfléchir aux obstacles posés à la carrière. Quand on est doctorant, on est enchanté par son sujet et on a l’impression de faire avancer les choses. D’autres jours, c’est la dépression qui guette et la question de la légitimité du sujet se pose. Une fois que l’on a un poste, on fait un choix beaucoup moins obligé. Rachele Borghi ne se pose plus la question de la légitimité de son sujet. Il faut que le monde académique ait la capacité d’expérimenter des choses nouvelles pour garder sa capacité d’innovation.

Débat

Comment redéfinir les lieux ? Avez-vous des exemples de lieux d’événements éphémères ?

Charlotte Prieur rappelle que les lieux queer qu’elle étudie à Paris et Montréal sont des soirées qui n’ont pas lieu de manière régulière, ni dans les mêmes endroits, ni dans les milieux gay. Est-ce que ce sont des lieux ou juste des événements ? Le lieu n’est-il pas l’endroit où les personnes se rencontrent ? C’est souvent lié à Facebook. Il y a des soirées avec une atmosphère très précise auxquelles on est invité via les réseaux sociaux et qui n’ont pas lieu aux mêmes endroits.

Rachele Borghi rappelle que le lieu peut être créé. La recherche scientifique peut-elle se libérer du papier imprimé ? Est-ce que les résultats de la recherche peuvent créer des lieux ? Il faut donc faire passer les résultats à travers le corps, à travers des performances dans plusieurs lieux, ce qui crée des lieux queer.

Ces lieux ont-ils une volonté d’affichage ou non ? Ou bien est-ce seulement sur les réseaux sociaux que le chercheur peut les repérer. La soirée « Rouge Bébé » se passait dans un bar, puis dans plusieurs bars différents. Elle se produit dans différents lieux parisiens. On garde le nom, mais on l’a fait changer de lieu. Ces communautés peuvent-elles se payer un lieu fixe ? A Paris, la Mutinerie rue Saint-Martin se définit comme un lieu queer. Mais ces lieux ne sont pas très visibles, car le lieu fonctionne sur des interactions affinitaires. Il est donc difficile de trouver les lieux queer. C’est par un entretien avec une personne de Montréal lui disant son dégoût du Village (le quartier gay de la ville) que Charlotte Prieur a cherché une soirée queer. L’invisibilité est aussi liée au manque de conditions matérielles pour créer un quartier queer. Il y a aussi la dimension sécurisée ou sécurisante. Dans les lieux queer, on parle beaucoup d’espace safe, sécurisés, où on ne subirait pas d’agression homophobe. Créer un quartier gay est aussi dangereux car il visibilise les personnes que des homophobes voudront agresser.

Rachele Borghi précise que la question visibilité/invisibilité se pose jusqu’à un certain point. Parfois il peut y avoir une volonté politique de visibiliser des identités autres. Queeriser quelque chose passe par la visibilisation de personnes perçues comme queer. A travers le corps, on met en place toute une série de relations : on partage des pratiques avec les autres dans les lieux queer.

Est-ce que les corps peuvent changer d’une catégorie à une autre ? Le corps est central dans ses recherches. Il n’y a pas une normalisation des corps. On a tou.te.s des corps différents. Tous les corps ont le droit d’être ce qu’ils veulent. Certaines caractéristiques appartiennent à ceux qui se reconnaissent comme homme ou celles qui se reconnaissent comme femme, mais il y a tout un éventail entre deux. Le corps est aussi politique. C’est un champ de bataille pour les féministes. Le corps devient autant un champ de bataille qu’un champ de jeu pour créer des relations avec les autres. Il n’y a pas de norme sur les corps. Dans ce genre de lieu, la question du corps âgé qui norme d’habitude beaucoup les relations entre les gens n’apparaît pas. Lors d’une performance, Rachele Borghi se trouvait sur scène avec deux autres personnes : une femme de plus de 60 ans et une personne trans. L’idée était de montrer que des corps sont très différents et ne rentrent pas dans les normes, mais que tous peuvent être queer.

Charlotte Prieur n’est pas d’accord avec Rachele Borghi sur ce point : en France les milieux queer sont plutôt jeunes (20-40 ans). De même quant aux rapports de race et de classe, il y a des corps exotisés. Ces lieux-là ne sont pas dépourvus de rapports de domination.

De quelle classe sociale sont issus ces gens-là ? Le fait d’être queer devient un dénominateur commun ou un ghetto de l’entre-soi ? Charlotte Prieur a cherché à savoir qui sont les personnes queer : ielle a lancé un questionnaire et les résultats montrent que beaucoup de personnes ont un fort capital culturel (beaucoup fréquentent l’université, les Master Genre de Paris 8 ou l’EHESS), mais il y a aussi des travailleurs du sexe, des personnes trans, des militant.e.s, des artistes. Il faudrait chercher pour savoir d’où viennent ces personnes queer en termes de milieux populaires ou de milieux bourgeois. Charlotte Prieur déteste le mot de ghetto : dans une société où la norme est hétérosexuelle, toute personne ne se conformant pas aux normes de genre est inévitablement stigmatisée, souvent agressée, pour être dans un ghetto dès qu’elle cherche un havre où elle peut être telle qu’elle est. Les lieux queer sont des lieux où on ne se sent pas en insécurité par rapport à d’éventuelles agressions homophobes, des lieux où on n’est pas toujours obligé.e de faire de l’éducation pour expliquer qui on est aux personnes intolérantes ou curieuses. En aucun cas, les lieux queers ne peuvent être confondus avec des ghettos.

Les lieux queer sont-ils surtout féminins ? A Paris, il y a pas mal de meuf-gouines–trans. La non mixité parfois choisie pour créer des événements. A Montréal, la scène queer est beaucoup plus occupée par des personnes socialisées en tant qu’hommes.

Pourquoi tant de mots anglais ? La théorie queer est de plus en plus reconnue en ce terme. Il faut dire que c’est une théorie très internationalisée, donc qui fonctionne via l’anglais. Tout le monde utilise ce terme aujourd’hui, mais ça pose une question de l’impérialisme linguistique. En France, les milieux queer sont plutôt appelés milieux transpédégouines.

Qu’en est-il de la difficulté de rentrer dans ces milieux queer ? N’est-ce pas plus difficile en se présentant comme chercheur.e ? N’y a-t-il pas de la méfiance vu la volonté de rester cacher ? Ne faut-il pas que le chercheur ait déjà un positionnement queer ? Y-a-t-il de la place pour des chercheurs hétérosexuels ? Cette question pose la question de savoir qui a le droit de faire de la recherche sur qui. Il y a une production de la connaissance qui a contribué à renforcer des rapports de domination. Cf la médicalisation des sexualités non normatives. Il y a une méfiance fondamentale : à quoi va servir cette recherche ? Tu fais ta carrière aux dépens de mon corps. C’est une question centrale. Les chercheur.e.s ne sont jamais habitués à se positionner comme hétérosexuel.le.s. La norme est spontanément tenue pour évidente. Charlotte Prieur était plutôt dans les milieux LGBT et a migré vers les milieux queer. Ielle s’est toujours posé.e beaucoup de questions sur ce qu’ielle pouvait rendre à ce groupe. Ielle a donc travaillé la question de la restitution. La sécurité dans les espaces est-elle intéressante pour ces lieux queer ? Ielle essaie de partager ces réflexions via des universités d’été (Université d’Eté Euro-méditerranéenne des Homosexualités) ou une revue gratuite et en ligne (Revue PolitiQueer). L’objectif est de faire en sorte que cet échange soit le plus égalitaire possible. Mais aucun chercheur ne peut nier qu’on est redevable des personnes avec qui on travaille.

Il est dommage que des personnes aient dû partir faute d’avoir pu payer une consommation. Comment ces milieux queer s’inscrivent dans une vision politique ? Quelles relations de pouvoir qui se projettent, qui s’imposent, qu’on digère ? La question de la politisation est fondamentale. C’est une réflexion sur un usage de l’espace politique à travers les corps. Il faut veiller à queeriser les espaces, à travailler à leur porosité. Ce que l’on fait ce soir au café de Flore, on le fait dans tous les milieux : squats, centres culturels, rue, etc. il y a des milieux queer, qui portent des visions politiques, certains plutôt anarchistes auto-gérés occupant des squats. D’autres anticapitalistes, antiracistes, etc. il y a tout type de luttes porté par ces collectifs queer. Du point de vue de l’accessibilité, beaucoup de soirées queers, particulièrement à Montréal utilisent la formule »pay what you can » (PWYC) ou donnent un montant conseillé en précisant que personne ne sera refusé parce qu’ielle ne peut pas payer.

Nathalie Lemarchand, membre du CNU jadis, aujourd’hui membre du CoCNRS, souhaite répondre comme membre du monde académique qui a été bien interpellé ce soir. La recherche est tout à fait acceptée, dès qu’elle est convaincante scientifiquement. Il y a une ouverture vers des géographies marginales. Les géographies plus classiques, plus normées, ont aussi besoin de se justifier scientifiquement. La première thèse en géographie sur les sexualités (Marianne Blidon) a été validée pour sa valeur scientifique, plus que pour son originalité. Quant au terme transpédégouine, il y a un langage d’exclusion sous-jacent. Pourquoi faudrait-il utiliser un tel langage plutôt qu’un langage plus neutre scientifiquement ? Le terme queer est entré dans l’académie mais quand il était utilisé au dehors : par retournement du stigmate. Il faut sortir des cages/cases sociales. Le mot queer est passé dans le langage académique parce qu’on ne voit plus l’insulte derrière. Le recrutement de Rachele Borghi a suscité des débats à la Sorbonne, dans le reste des universités françaises, mais aussi au sein des milieux militants. Beaucoup d’autres chercheur.e.s ont bien du mal à être recruté. Cela concerne aussi les féministes, pas seulement les queer. Sur la question de la réappropriation de l’insulte, il s’agit d’une inversion : se moquer de ceux qui se considèrent comme normaux et qui insultent ceux qu’ils voient comme pas normaux.

On ne vit pas dans un ghetto queer, on ne mange pas queer, on se retrouve à un moment donné dans la semaine dans un lieu où on n’a plus à se protéger de l’homophobie ou la transphobie. C’est la violence de la société envers les minorités qu’elles qu’elles soient qui provoque la nécessité de retrouver des formes d’entre-soi moins violentes pour les minorités. C’est une façon d’être contre le faux universalisme. On est dans un contexte hétérosexuel non affiché. Certains discours d’études portant sur les sexualités ont tendance à créer des groupes qu’ils considèrent comme homogènes tels que « les lesbiennes », et ne parviennent donc pas à montrer la complexité des appartenances !

Ne va-t-on pas vers une disparition des normes ? C’est une utopie qu’elles disparaissent. Le souci dans ce contexte n’est pas celui de se faire accepter. Je n’ai rien à faire pour me faire tolérer ou accepter. Ce qui est revendiqué n’est pas le droit de s’uniformiser vers la norme. C’était un des débats sur le mariage pour tous. Devons-nous mettre du temps et de l’énergie pour une institution qui va nous faire assimiler à la norme et en laquelle nous ne croyons pas ? D’autres disaient qu’il fallait avoir le droit de le faire, avant de ne pas y recourir. Il y avait beaucoup de positionnements et de démarches. Il peut y avoir aussi un refus de s’assimiler à un système que l’on déteste, refus de rentrer dans le système qui contraint la liberté individuelle.

Compte Rendu rédigé par Olivier Milhaud, relu par les intervernant.e.s.

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Perference : a quel corps appartient mon corps ? http://www.zarrabonheur.org/performer/perference-a-quel-corps-appartient-mon-corps-fr/ http://www.zarrabonheur.org/performer/perference-a-quel-corps-appartient-mon-corps-fr/#respond Fri, 15 Mar 2013 23:47:52 +0000 http://www.zarrabonheur.org/performer/?p=827 Arnaud Alessandrin

Comme cette lettre a vocation à devenir publique, permets-moi de contextualiser. Tu m’as fait l’honneur de participer, avec Karine Espineira, à une table ronde intitulée « porno-graphieS » pour les « Queer Days » que j’ai organisé à Bordeaux les 7-8-9 février 2013.

Rachel, je t’écris ces quelques mots d’un endroit qui n’est plus réellement le même depuis que je t’ai rencontré. Alors ces mots, avant tout autre chose, ce sont d’abord des mots d’amitié.
Il y a eu cette conférence pour laquelle je t’avais demandé de nous présenter ce qu’était, selon toi, le post-porno. Alors que tu passais les diapos de ton power point, tu t’es déshabillé. Tu m’avais demandé mon autorisation (c’est gentil), mais était-ce vraiment nécessaire ? Il y avait ce vocabulaire qui revenait souvent : « être bienveillant », « être amical ». Peut-être était-ce tout simplement ça. Je les entends tu sais, ceux qui disent que ça a déjà été fait, que tout ce qui s’approche de prés ou de loin du « queer » ne sait faire que ça, que c’est « post » mais déjà dépassé. Et je m’en fiche à vrai dire puisque dans la salle, personne n’avait jamais assisté à une conférence de la sorte. T’as remarqué, déjà, j’écris « de la sorte ». Car il faut écrire quoi ? « Performance » ? « Conférence » ? Disons Perférence ! Tu perférencais, donc. Mais qu’est ce que t’as fais ? Je ne sais pas si on peut le dire ainsi, mais tu es comme sortie de l’écran. C’est comme si le corps de la performeuse porno était devenu, progressivement que tu t’effeuillais, aussi, le corps de la conférencière. Dans le même temps, nous, le public, nous devenions tes doubles spectateurs. Une mise en abîme du voir dans laquelle tu nous voyais te voir, nous, étonnés, attentifs et perturbés. Tu le sais mieux que moi puisque, dans ce mouvement, nous sommes nous aussi devenus ton public. Dis-moi : quels visages on avait ? Quels yeux aussi. On a osé regarder tes seins, tes fesses, tes vêtements qui tombaient ? Ou bien, alors, sommes-nous restés prisonniers de ton visage comme pour ne plus voir mais seulement entendre, non plus la performeuse mais la conférencière, dont le corps aurait été segmenté. Entendre pour ne pas voir, c’est ça. C’est étrange aussi.
Et puis il y a ton statut qui change. Tu sais l’interpellation qui nous est faite ? Au fond, c’est celle-ci, celle qui nous demande « hey, vous là, dans le public, vous savez quel corps vous regardez ? ». C’est le corps de l’universitaire qui cite Foucault ou c’est celui de la performeuse tenue en laisse dans la vidéo ? « Hey, vous là, dans le public, à quel corps appartient mon corps ? ». « Je suis à la frontière entre le corps de l’expert et le corps de l’expertise ». Ou plutôt « Je suis les deux corps, je suis le même corps, je n’ai plus besoin de cette frontière ». Tu fais bien. En ces temps de la reconnaissance et de la légitimité, des égos bien souvent, ces mots sont devenus doctrinaires. Arnaud Alessandrin

Comme cette lettre a vocation à devenir publique, permets-moi de contextualiser. Tu m’as fait l’honneur de participer, avec Karine Espineira, à une table ronde intitulée « porno-graphieS » pour les « Queer Days » que j’ai organisé à Bordeaux les 7-8-9 février 2013.

Rachel, je t’écris ces quelques mots d’un endroit qui n’est plus réellement le même depuis que je t’ai rencontré. Alors ces mots, avant tout autre chose, ce sont d’abord des mots d’amitié.
Il y a eu cette conférence pour laquelle je t’avais demandé de nous présenter ce qu’était, selon toi, le post-porno. Alors que tu passais les diapos de ton power point, tu t’es déshabillé. Tu m’avais demandé mon autorisation (c’est gentil), mais était-ce vraiment nécessaire ? Il y avait ce vocabulaire qui revenait souvent : « être bienveillant », « être amical ». Peut-être était-ce tout simplement ça. Je les entends tu sais, ceux qui disent que ça a déjà été fait, que tout ce qui s’approche de prés ou de loin du « queer » ne sait faire que ça, que c’est « post » mais déjà dépassé. Et je m’en fiche à vrai dire puisque dans la salle, personne n’avait jamais assisté à une conférence de la sorte. T’as remarqué, déjà, j’écris « de la sorte ». Car il faut écrire quoi ? « Performance » ? « Conférence » ? Disons Perférence ! Tu perférencais, donc. Mais qu’est ce que t’as fais ? Je ne sais pas si on peut le dire ainsi, mais tu es comme sortie de l’écran. C’est comme si le corps de la performeuse porno était devenu, progressivement que tu t’effeuillais, aussi, le corps de la conférencière. Dans le même temps, nous, le public, nous devenions tes doubles spectateurs. Une mise en abîme du voir dans laquelle tu nous voyais te voir, nous, étonnés, attentifs et perturbés. Tu le sais mieux que moi puisque, dans ce mouvement, nous sommes nous aussi devenus ton public. Dis-moi : quels visages on avait ? Quels yeux aussi. On a osé regarder tes seins, tes fesses, tes vêtements qui tombaient ? Ou bien, alors, sommes-nous restés prisonniers de ton visage comme pour ne plus voir mais seulement entendre, non plus la performeuse mais la conférencière, dont le corps aurait été segmenté. Entendre pour ne pas voir, c’est ça. C’est étrange aussi.
Et puis il y a ton statut qui change. Tu sais l’interpellation qui nous est faite ? Au fond, c’est celle-ci, celle qui nous demande « hey, vous là, dans le public, vous savez quel corps vous regardez ? ». C’est le corps de l’universitaire qui cite Foucault ou c’est celui de la performeuse tenue en laisse dans la vidéo ? « Hey, vous là, dans le public, à quel corps appartient mon corps ? ». « Je suis à la frontière entre le corps de l’expert et le corps de l’expertise ». Ou plutôt « Je suis les deux corps, je suis le même corps, je n’ai plus besoin de cette frontière ». Tu fais bien. En ces temps de la reconnaissance et de la légitimité, des égos bien souvent, ces mots sont devenus doctrinaires. Arnaud Alessandrin

Comme cette lettre a vocation à devenir publique, permets-moi de contextualiser. Tu m’as fait l’honneur de participer, avec Karine Espineira, à une table ronde intitulée « porno-graphieS » pour les « Queer Days » que j’ai organisé à Bordeaux les 7-8-9 février 2013.

Rachel, je t’écris ces quelques mots d’un endroit qui n’est plus réellement le même depuis que je t’ai rencontré. Alors ces mots, avant tout autre chose, ce sont d’abord des mots d’amitié.
Il y a eu cette conférence pour laquelle je t’avais demandé de nous présenter ce qu’était, selon toi, le post-porno. Alors que tu passais les diapos de ton power point, tu t’es déshabillé. Tu m’avais demandé mon autorisation (c’est gentil), mais était-ce vraiment nécessaire ? Il y avait ce vocabulaire qui revenait souvent : « être bienveillant », « être amical ». Peut-être était-ce tout simplement ça. Je les entends tu sais, ceux qui disent que ça a déjà été fait, que tout ce qui s’approche de prés ou de loin du « queer » ne sait faire que ça, que c’est « post » mais déjà dépassé. Et je m’en fiche à vrai dire puisque dans la salle, personne n’avait jamais assisté à une conférence de la sorte. T’as remarqué, déjà, j’écris « de la sorte ». Car il faut écrire quoi ? « Performance » ? « Conférence » ? Disons Perférence ! Tu perférencais, donc. Mais qu’est ce que t’as fais ? Je ne sais pas si on peut le dire ainsi, mais tu es comme sortie de l’écran. C’est comme si le corps de la performeuse porno était devenu, progressivement que tu t’effeuillais, aussi, le corps de la conférencière. Dans le même temps, nous, le public, nous devenions tes doubles spectateurs. Une mise en abîme du voir dans laquelle tu nous voyais te voir, nous, étonnés, attentifs et perturbés. Tu le sais mieux que moi puisque, dans ce mouvement, nous sommes nous aussi devenus ton public. Dis-moi : quels visages on avait ? Quels yeux aussi. On a osé regarder tes seins, tes fesses, tes vêtements qui tombaient ? Ou bien, alors, sommes-nous restés prisonniers de ton visage comme pour ne plus voir mais seulement entendre, non plus la performeuse mais la conférencière, dont le corps aurait été segmenté. Entendre pour ne pas voir, c’est ça. C’est étrange aussi.
Et puis il y a ton statut qui change. Tu sais l’interpellation qui nous est faite ? Au fond, c’est celle-ci, celle qui nous demande « hey, vous là, dans le public, vous savez quel corps vous regardez ? ». C’est le corps de l’universitaire qui cite Foucault ou c’est celui de la performeuse tenue en laisse dans la vidéo ? « Hey, vous là, dans le public, à quel corps appartient mon corps ? ». « Je suis à la frontière entre le corps de l’expert et le corps de l’expertise ». Ou plutôt « Je suis les deux corps, je suis le même corps, je n’ai plus besoin de cette frontière ». Tu fais bien. En ces temps de la reconnaissance et de la légitimité, des égos bien souvent, ces mots sont devenus doctrinaires.

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De la pornographie comme objet de societe au postporno sujet de societe http://www.zarrabonheur.org/performer/de-la-pornographie-comme-objet-de-societe-au-postporno-sujet-de-societe-2/ http://www.zarrabonheur.org/performer/de-la-pornographie-comme-objet-de-societe-au-postporno-sujet-de-societe-2/#respond Fri, 15 Mar 2013 23:26:01 +0000 http://www.zarrabonheur.org/performer/?p=819 Maud-Yeuse Thomas

Qui du post-porno quand la pornographie est elle-même encore cet objet de scandales attaqué par la société d’une tradition faussement pudibonde ou encore ce X inassumé par la société de toutes les modernités ? Se suffit-il de dire qu’il est un objet de la culture urbaine contemporaine ? Que nous dit-il ? Que fait-il surtout à cet espace public quand, sortant de l’espace dans lequel le politique l’a confiné plus ou moins associé à l’espace privé ? Exemple avec une féministe universitaire, Michèle Dayras, spéculant sur l’objet « transsexualisme » ou la privatisation par autrui d’existences et corps non-conformes :
Ils (‘elles’) revendiquent des droits qui ne sont pas ceux que les femmes souhaitent obtenir. Par exemple, ils sont adeptes de la prostitution et de la pornographie, fléaux contre lesquels des féministes luttent farouchement (Présidente de SOS Sexisme, Le « Gender à l’américaine, Un verbiage qui noie la réalité du pouvoir patriarcal, http://sisyphe.org/spip.php?article39561).

Si la pornographie semblait sortir de l’espace privé pour interagir dans l’espace publique via le cinéma dans une société andro-patriarcale, le post-porn va sans nuance de l’espace public à l’espace politique sans passer par la case privée. Ou plutôt : l’examinant depuis cette confluence publique-politique obligeant à regarder la part du pouvoir dans les savoirs. Il s’ensuit qu’à placer sexualité, genre et nudité sur scène, fort de l’appui de textes et dispositifs politiques, l’on est forcé de réexaminer la fabrique des espaces dits privés. Sa force réside principalement en ce que son terrain est l’ingérence politique sur ces espaces privés, lesquels sont fondamentalement des espaces politiquement privatisés. Là où son ancêtre nous montrait en gros plan le sexe et sa sexualité, le post-porn propose une critique ouverte via des textes, représentations et mise en scène de nos normes agissantes sur nous. Penser le sexe, revient à penser notre société quand la très graphique porno ne nous montrait que sa mécanique. Le premier montrait à cru, plaçant le corps en centre de sa toile, le second déplace, décale et réinterroge cette place centrale. Quid du corps dans l’espace des déconstructions politisantes et philosophantes, se demande-t-on. Le corps est d’abord un corpus de normes que l’on peut étudier en l’exposant soi-même, se faisant ce corps nu pour mieux en exposer le corpus de normes. Le statut de la pornographie s’en trouve renversé. Sa subversité venait des tabous, silences et scandales le nourrissant mais sa fonction principale résidait non pas tant à montrer la sexualité pour en briser les limites que pour statuer sur celle-ci. Finalement, la graphie cinématique du « porno » redisait la naturalité des rapports homme/femme dans une nudité ininterrogée où le genre semblait disparaître quand, en gait, il régissait encore les statuts, places, positions. Si des « porno alternatifs » ont rapidement vus le jour, ils n’ont jamais pu accéder à la visibilité de son ainé.
Reprenant des questions des champs universitaires et militants, elle vient faire sauter les barrières normatives de ces deux mondes se côtoyant, telles la banlieue et le centre-ville, irrémédiablement séparés et réunis d’un pont au-dessus du fleuve. Ainsi, exerçant la pratique post-porn, Rachele Borghi se déshabille en proposant une analyse de son objet, le tout progressivement. Le texte épousant sa nudité matérielle en proposant de mettre en balance le statut de celle qui parle depuis une discipline et l’espace de l’université : Je suis géographe, dit-elle. Elle montre là les multiples acceptions d’un corps toujours dépendant des normes qui en compose le tissage espace privé/publique, corps subjectif/corps social. Cette fois, la crudité est dans le regard qui, répondant à l’impératif du statut d’universitaire, se trouve déjoué. Vais-je la replacer dans la case militante ou provocatrice ? « Culture basse » et « culture haute » se trouvent ainsi réexposées dans leurs hiérarchies respectives où le premier se voyait plus proche d’un corps « naturel » quand le second voulait se confondre avec les fonctions « supérieures » du cerveau. Le propos est alors mû par ce réagencement : l’organe du cerveau au service de l’organe de la pornographie où quand le « sexe » agit avec celui qui le scénarise. « A la violence de la société, je réponds par le pornoterrorrisme », écrit Diana J. Torres. Pour R. Borghi, ce travail sur le sexe doit commencer par une « nudité dans un lieu où tu n’es pas censée utiliser ton corps ». Ici, celui de l’université où elle expose tranquillement face à un public clairsemé mais terriblement concentré sur le texte de l’organe. Reste à savoir lequel. Il s’agit de redire quelle est la sexualité de ce sexe dans ses textes et contextes tels qu’ils sont vécus par les individus eux-mêmes mais sous dépendance de la typologie privé-publique, ci ramené à l’espace géopolitique masculin. Si l’hétérosexualité est ce régime d’un déjà-là géomasculin, quid de l’homosexualité, bi et trans sexualités ? Le sexe est-il toujours politique ? Quid alors de la nudité dans les espaces publiques ? Est-elle déjà sexuelle ainsi dégenrée ? En sachant sa politisation, quelle est la part subjective restante dans la mise en œuvre d’une sexualité que notre époque veut « épanouissante » ? Comment peut-elle être réellement épanouissante quand elle est l’objet d’un tel corpus de regards prescrits ? La question n’est pas anodine à l’heure des modifications corporelles et de l’intersectionnalité des reformulations postféministes. En écoutant R. Borghi, une question d’une jeune femme m’est revenue : Dieu me voit-il quand nous faisons l’amour ? Question que le postporn reformule immédiatement : Que fait l’Etat, les théories ou Dieu au milieu de nos ébats ? Et de répondre sous forme de questions ; quel rapport notre sexe entretient-il avec notre genre en termes de sexualité et nudité ? Car cette dernière n’est plus jamais nue mais toujours inscrite dans un corpus limité de normes et un contexte situé le délimitant : la nudité renvoie au genre et non à un corps nu. Nous définissons notre corps-sexe par notre genre ainsi doté.es par la culture d’un « sexe féminin » ou « sexe masculin ». Dans cette reformulation, l’on comprend la concurrence inattendue que l’identité de genre dispute à l’identité sexuelle : tous deux sont des concepts d’une acception pas si opposée que cela si ce n’était les conflits instrumentalisant politiquement un clivage afin de pourvoir à une domination d’ensemble. Et ainsi, le transsexualisme devient-il pensable et conceptualisable, que lorsque la trans-sexualité, assez proche de la pan-sexualité, disparaît-elle du paysage ? Tout se passe alors comme si l’identité ne pouvait accéder à une légitimité et stabilité que lorsque la (sa ?) sexualité passe de l’espace public à l’espace privé, du corpus des normes à l’intériorisation cachée de celles-ci. On se rappellera ici utilement que notre culture ne définit pas le genre du corps intersexe, voire qu’il ne le définit même plus par un sexe mais par un état : des états intersexués. Une ultime exception ordonnée « en raison » par l’Occident à son propre régime ou ultime excision du corps non conforme ? « Nous savons que le corps s’est mis à signifier comme ça mais que nous pouvons le faire signifier autrement. Le genre peut être pensé comme les effets de certaines pratiques culturelles […]. Mais nous pouvons nous approprier ce processus et faire ce que nous voulons de notre sexe et du masculin et du féminin » Q comme Queer2. Le zoo renversait dans ses pratiques intersectionnelles les sujets discriminés en regards analysant, renvoyant le curieux au voyeurisme, le zoo en une fabrique d’une monstration évidée de son contexte pour faire surgir un « universalisme ». De fait, la nudité dans un tel contexte oblige à regarder de beaucoup plus près de quelle étoffe est faite la parole universitaire qui sait, se pare et expose ses diplômes, savoirs et paroles lestes d’une maitrise de son sujet. Comment croire qu’il n’y a pas de provocation dans une telle monstration ? Que ne veulent pas voir tous ses regards qui se fixent sur cette parole sachant en évitant la nudité tranquille de R. Borghi ? La pratique de notre nudité est terriblement normée et surtout, elle fait advenir le genre parce que son manque est criant et brusque dans un tel lieu. Un manque qui nous redit que le genre est l’expression de la totalité des effets des pratiques socioculturelles et pour cela, il est irrémédiablement politique car il est définitivement totalisant, cumulant dans son fonctionnement intégration d’un Même et oppression et rejet d’un Autre. Plus que jamais, en ôtant nos vêtements, nous n’ôtons jamais notre genre puisque celui-ci en définit l’enceinte sociopolitique et son intériorisation subjective. Nous ne pouvons distinguer le sexe du genre qu’en sortant du paradigme binaire collectif/individuel, Nous/eux. Plus que jamais cette enceinte traditionnellement définie dans le cadre social est interrogé et en bouscule les délimitations et barrières en faisant surgir les hiérarchies et inégalités d’accès et d’expression. La plage et nos jeux et vacances d’été en est sans nul doute l’expression sociale la plus aboutie. L’histoire de nos corps est désormais inséparable de l’histoire de nos normes. D’où il ressort qu’à tirailler l’un par l’autre, il en advient cette chose que nous appelons contemporainement « déconstruction » : reconstruire en ayant défait de qui avait été construit en produisant de l’exception et de l’exclusion.
Concluons : si dans la pornographie, la scène consistait à faire de la sexualité avec du sexe, le postporn consiste à faire de la sexualité et nudité avec du « Genre », c’est-à-dire des rapports inégaux de sexe transformés en rapports sociaux (de sexe). Plus encore, au sortir de l’atelier mixte drag-king proposé par R. Borghi, il n’y avait plus aucun doute pour tou.te.s les participant.es sur l’occupation spatiale dudit « espace public », étant en pratique une géopolitique masculine et non un espace neutre, ouvert à tou.te.s. Et ainsi de la nudité et sexualité exposées aux violences normatives dès lors qu’elles franchissement le Rubicon de la division si bien nommée « sociosexuelle ». Il s’ensuit que faire surgir le genre dans la graphie porno, au moment même où elle apparaît dans la nudité, c’est faire apparaître la violence des monstrations et normations. Aussi, est-il grand temps de parler de sexualités et non de sexualité, de Genre et non de genres.Maud-Yeuse Thomas

Qui du post-porno quand la pornographie est elle-même encore cet objet de scandales attaqué par la société d’une tradition faussement pudibonde ou encore ce X inassumé par la société de toutes les modernités ? Se suffit-il de dire qu’il est un objet de la culture urbaine contemporaine ? Que nous dit-il ? Que fait-il surtout à cet espace public quand, sortant de l’espace dans lequel le politique l’a confiné plus ou moins associé à l’espace privé ? Exemple avec une féministe universitaire, Michèle Dayras, spéculant sur l’objet « transsexualisme » ou la privatisation par autrui d’existences et corps non-conformes :
Ils (‘elles’) revendiquent des droits qui ne sont pas ceux que les femmes souhaitent obtenir. Par exemple, ils sont adeptes de la prostitution et de la pornographie, fléaux contre lesquels des féministes luttent farouchement (Présidente de SOS Sexisme, Le « Gender à l’américaine, Un verbiage qui noie la réalité du pouvoir patriarcal, http://sisyphe.org/spip.php?article39561).

Si la pornographie semblait sortir de l’espace privé pour interagir dans l’espace publique via le cinéma dans une société andro-patriarcale, le post-porn va sans nuance de l’espace public à l’espace politique sans passer par la case privée. Ou plutôt : l’examinant depuis cette confluence publique-politique obligeant à regarder la part du pouvoir dans les savoirs. Il s’ensuit qu’à placer sexualité, genre et nudité sur scène, fort de l’appui de textes et dispositifs politiques, l’on est forcé de réexaminer la fabrique des espaces dits privés. Sa force réside principalement en ce que son terrain est l’ingérence politique sur ces espaces privés, lesquels sont fondamentalement des espaces politiquement privatisés. Là où son ancêtre nous montrait en gros plan le sexe et sa sexualité, le post-porn propose une critique ouverte via des textes, représentations et mise en scène de nos normes agissantes sur nous. Penser le sexe, revient à penser notre société quand la très graphique porno ne nous montrait que sa mécanique. Le premier montrait à cru, plaçant le corps en centre de sa toile, le second déplace, décale et réinterroge cette place centrale. Quid du corps dans l’espace des déconstructions politisantes et philosophantes, se demande-t-on. Le corps est d’abord un corpus de normes que l’on peut étudier en l’exposant soi-même, se faisant ce corps nu pour mieux en exposer le corpus de normes. Le statut de la pornographie s’en trouve renversé. Sa subversité venait des tabous, silences et scandales le nourrissant mais sa fonction principale résidait non pas tant à montrer la sexualité pour en briser les limites que pour statuer sur celle-ci. Finalement, la graphie cinématique du « porno » redisait la naturalité des rapports homme/femme dans une nudité ininterrogée où le genre semblait disparaître quand, en gait, il régissait encore les statuts, places, positions. Si des « porno alternatifs » ont rapidement vus le jour, ils n’ont jamais pu accéder à la visibilité de son ainé.
Reprenant des questions des champs universitaires et militants, elle vient faire sauter les barrières normatives de ces deux mondes se côtoyant, telles la banlieue et le centre-ville, irrémédiablement séparés et réunis d’un pont au-dessus du fleuve. Ainsi, exerçant la pratique post-porn, Rachele Borghi se déshabille en proposant une analyse de son objet, le tout progressivement. Le texte épousant sa nudité matérielle en proposant de mettre en balance le statut de celle qui parle depuis une discipline et l’espace de l’université : Je suis géographe, dit-elle. Elle montre là les multiples acceptions d’un corps toujours dépendant des normes qui en compose le tissage espace privé/publique, corps subjectif/corps social. Cette fois, la crudité est dans le regard qui, répondant à l’impératif du statut d’universitaire, se trouve déjoué. Vais-je la replacer dans la case militante ou provocatrice ? « Culture basse » et « culture haute » se trouvent ainsi réexposées dans leurs hiérarchies respectives où le premier se voyait plus proche d’un corps « naturel » quand le second voulait se confondre avec les fonctions « supérieures » du cerveau. Le propos est alors mû par ce réagencement : l’organe du cerveau au service de l’organe de la pornographie où quand le « sexe » agit avec celui qui le scénarise. « A la violence de la société, je réponds par le pornoterrorrisme », écrit Diana J. Torres. Pour R. Borghi, ce travail sur le sexe doit commencer par une « nudité dans un lieu où tu n’es pas censée utiliser ton corps ». Ici, celui de l’université où elle expose tranquillement face à un public clairsemé mais terriblement concentré sur le texte de l’organe. Reste à savoir lequel. Il s’agit de redire quelle est la sexualité de ce sexe dans ses textes et contextes tels qu’ils sont vécus par les individus eux-mêmes mais sous dépendance de la typologie privé-publique, ci ramené à l’espace géopolitique masculin. Si l’hétérosexualité est ce régime d’un déjà-là géomasculin, quid de l’homosexualité, bi et trans sexualités ? Le sexe est-il toujours politique ? Quid alors de la nudité dans les espaces publiques ? Est-elle déjà sexuelle ainsi dégenrée ? En sachant sa politisation, quelle est la part subjective restante dans la mise en œuvre d’une sexualité que notre époque veut « épanouissante » ? Comment peut-elle être réellement épanouissante quand elle est l’objet d’un tel corpus de regards prescrits ? La question n’est pas anodine à l’heure des modifications corporelles et de l’intersectionnalité des reformulations postféministes. En écoutant R. Borghi, une question d’une jeune femme m’est revenue : Dieu me voit-il quand nous faisons l’amour ? Question que le postporn reformule immédiatement : Que fait l’Etat, les théories ou Dieu au milieu de nos ébats ? Et de répondre sous forme de questions ; quel rapport notre sexe entretient-il avec notre genre en termes de sexualité et nudité ? Car cette dernière n’est plus jamais nue mais toujours inscrite dans un corpus limité de normes et un contexte situé le délimitant : la nudité renvoie au genre et non à un corps nu. Nous définissons notre corps-sexe par notre genre ainsi doté.es par la culture d’un « sexe féminin » ou « sexe masculin ». Dans cette reformulation, l’on comprend la concurrence inattendue que l’identité de genre dispute à l’identité sexuelle : tous deux sont des concepts d’une acception pas si opposée que cela si ce n’était les conflits instrumentalisant politiquement un clivage afin de pourvoir à une domination d’ensemble. Et ainsi, le transsexualisme devient-il pensable et conceptualisable, que lorsque la trans-sexualité, assez proche de la pan-sexualité, disparaît-elle du paysage ? Tout se passe alors comme si l’identité ne pouvait accéder à une légitimité et stabilité que lorsque la (sa ?) sexualité passe de l’espace public à l’espace privé, du corpus des normes à l’intériorisation cachée de celles-ci. On se rappellera ici utilement que notre culture ne définit pas le genre du corps intersexe, voire qu’il ne le définit même plus par un sexe mais par un état : des états intersexués. Une ultime exception ordonnée « en raison » par l’Occident à son propre régime ou ultime excision du corps non conforme ? « Nous savons que le corps s’est mis à signifier comme ça mais que nous pouvons le faire signifier autrement. Le genre peut être pensé comme les effets de certaines pratiques culturelles […]. Mais nous pouvons nous approprier ce processus et faire ce que nous voulons de notre sexe et du masculin et du féminin » Q comme Queer2. Le zoo renversait dans ses pratiques intersectionnelles les sujets discriminés en regards analysant, renvoyant le curieux au voyeurisme, le zoo en une fabrique d’une monstration évidée de son contexte pour faire surgir un « universalisme ». De fait, la nudité dans un tel contexte oblige à regarder de beaucoup plus près de quelle étoffe est faite la parole universitaire qui sait, se pare et expose ses diplômes, savoirs et paroles lestes d’une maitrise de son sujet. Comment croire qu’il n’y a pas de provocation dans une telle monstration ? Que ne veulent pas voir tous ses regards qui se fixent sur cette parole sachant en évitant la nudité tranquille de R. Borghi ? La pratique de notre nudité est terriblement normée et surtout, elle fait advenir le genre parce que son manque est criant et brusque dans un tel lieu. Un manque qui nous redit que le genre est l’expression de la totalité des effets des pratiques socioculturelles et pour cela, il est irrémédiablement politique car il est définitivement totalisant, cumulant dans son fonctionnement intégration d’un Même et oppression et rejet d’un Autre. Plus que jamais, en ôtant nos vêtements, nous n’ôtons jamais notre genre puisque celui-ci en définit l’enceinte sociopolitique et son intériorisation subjective. Nous ne pouvons distinguer le sexe du genre qu’en sortant du paradigme binaire collectif/individuel, Nous/eux. Plus que jamais cette enceinte traditionnellement définie dans le cadre social est interrogé et en bouscule les délimitations et barrières en faisant surgir les hiérarchies et inégalités d’accès et d’expression. La plage et nos jeux et vacances d’été en est sans nul doute l’expression sociale la plus aboutie. L’histoire de nos corps est désormais inséparable de l’histoire de nos normes. D’où il ressort qu’à tirailler l’un par l’autre, il en advient cette chose que nous appelons contemporainement « déconstruction » : reconstruire en ayant défait de qui avait été construit en produisant de l’exception et de l’exclusion.
Concluons : si dans la pornographie, la scène consistait à faire de la sexualité avec du sexe, le postporn consiste à faire de la sexualité et nudité avec du « Genre », c’est-à-dire des rapports inégaux de sexe transformés en rapports sociaux (de sexe). Plus encore, au sortir de l’atelier mixte drag-king proposé par R. Borghi, il n’y avait plus aucun doute pour tou.te.s les participant.es sur l’occupation spatiale dudit « espace public », étant en pratique une géopolitique masculine et non un espace neutre, ouvert à tou.te.s. Et ainsi de la nudité et sexualité exposées aux violences normatives dès lors qu’elles franchissement le Rubicon de la division si bien nommée « sociosexuelle ». Il s’ensuit que faire surgir le genre dans la graphie porno, au moment même où elle apparaît dans la nudité, c’est faire apparaître la violence des monstrations et normations. Aussi, est-il grand temps de parler de sexualités et non de sexualité, de Genre et non de genres.Maud-Yeuse Thomas

Qui du post-porno quand la pornographie est elle-même encore cet objet de scandales attaqué par la société d’une tradition faussement pudibonde ou encore ce X inassumé par la société de toutes les modernités ? Se suffit-il de dire qu’il est un objet de la culture urbaine contemporaine ? Que nous dit-il ? Que fait-il surtout à cet espace public quand, sortant de l’espace dans lequel le politique l’a confiné plus ou moins associé à l’espace privé ? Exemple avec une féministe universitaire, Michèle Dayras, spéculant sur l’objet « transsexualisme » ou la privatisation par autrui d’existences et corps non-conformes :
Ils (‘elles’) revendiquent des droits qui ne sont pas ceux que les femmes souhaitent obtenir. Par exemple, ils sont adeptes de la prostitution et de la pornographie, fléaux contre lesquels des féministes luttent farouchement (Présidente de SOS Sexisme, Le « Gender à l’américaine, Un verbiage qui noie la réalité du pouvoir patriarcal, http://sisyphe.org/spip.php?article39561).

Si la pornographie semblait sortir de l’espace privé pour interagir dans l’espace publique via le cinéma dans une société andro-patriarcale, le post-porn va sans nuance de l’espace public à l’espace politique sans passer par la case privée. Ou plutôt : l’examinant depuis cette confluence publique-politique obligeant à regarder la part du pouvoir dans les savoirs. Il s’ensuit qu’à placer sexualité, genre et nudité sur scène, fort de l’appui de textes et dispositifs politiques, l’on est forcé de réexaminer la fabrique des espaces dits privés. Sa force réside principalement en ce que son terrain est l’ingérence politique sur ces espaces privés, lesquels sont fondamentalement des espaces politiquement privatisés. Là où son ancêtre nous montrait en gros plan le sexe et sa sexualité, le post-porn propose une critique ouverte via des textes, représentations et mise en scène de nos normes agissantes sur nous. Penser le sexe, revient à penser notre société quand la très graphique porno ne nous montrait que sa mécanique. Le premier montrait à cru, plaçant le corps en centre de sa toile, le second déplace, décale et réinterroge cette place centrale. Quid du corps dans l’espace des déconstructions politisantes et philosophantes, se demande-t-on. Le corps est d’abord un corpus de normes que l’on peut étudier en l’exposant soi-même, se faisant ce corps nu pour mieux en exposer le corpus de normes. Le statut de la pornographie s’en trouve renversé. Sa subversité venait des tabous, silences et scandales le nourrissant mais sa fonction principale résidait non pas tant à montrer la sexualité pour en briser les limites que pour statuer sur celle-ci. Finalement, la graphie cinématique du « porno » redisait la naturalité des rapports homme/femme dans une nudité ininterrogée où le genre semblait disparaître quand, en gait, il régissait encore les statuts, places, positions. Si des « porno alternatifs » ont rapidement vus le jour, ils n’ont jamais pu accéder à la visibilité de son ainé.
Reprenant des questions des champs universitaires et militants, elle vient faire sauter les barrières normatives de ces deux mondes se côtoyant, telles la banlieue et le centre-ville, irrémédiablement séparés et réunis d’un pont au-dessus du fleuve. Ainsi, exerçant la pratique post-porn, Rachele Borghi se déshabille en proposant une analyse de son objet, le tout progressivement. Le texte épousant sa nudité matérielle en proposant de mettre en balance le statut de celle qui parle depuis une discipline et l’espace de l’université : Je suis géographe, dit-elle. Elle montre là les multiples acceptions d’un corps toujours dépendant des normes qui en compose le tissage espace privé/publique, corps subjectif/corps social. Cette fois, la crudité est dans le regard qui, répondant à l’impératif du statut d’universitaire, se trouve déjoué. Vais-je la replacer dans la case militante ou provocatrice ? « Culture basse » et « culture haute » se trouvent ainsi réexposées dans leurs hiérarchies respectives où le premier se voyait plus proche d’un corps « naturel » quand le second voulait se confondre avec les fonctions « supérieures » du cerveau. Le propos est alors mû par ce réagencement : l’organe du cerveau au service de l’organe de la pornographie où quand le « sexe » agit avec celui qui le scénarise. « A la violence de la société, je réponds par le pornoterrorrisme », écrit Diana J. Torres. Pour R. Borghi, ce travail sur le sexe doit commencer par une « nudité dans un lieu où tu n’es pas censée utiliser ton corps ». Ici, celui de l’université où elle expose tranquillement face à un public clairsemé mais terriblement concentré sur le texte de l’organe. Reste à savoir lequel. Il s’agit de redire quelle est la sexualité de ce sexe dans ses textes et contextes tels qu’ils sont vécus par les individus eux-mêmes mais sous dépendance de la typologie privé-publique, ci ramené à l’espace géopolitique masculin. Si l’hétérosexualité est ce régime d’un déjà-là géomasculin, quid de l’homosexualité, bi et trans sexualités ? Le sexe est-il toujours politique ? Quid alors de la nudité dans les espaces publiques ? Est-elle déjà sexuelle ainsi dégenrée ? En sachant sa politisation, quelle est la part subjective restante dans la mise en œuvre d’une sexualité que notre époque veut « épanouissante » ? Comment peut-elle être réellement épanouissante quand elle est l’objet d’un tel corpus de regards prescrits ? La question n’est pas anodine à l’heure des modifications corporelles et de l’intersectionnalité des reformulations postféministes. En écoutant R. Borghi, une question d’une jeune femme m’est revenue : Dieu me voit-il quand nous faisons l’amour ? Question que le postporn reformule immédiatement : Que fait l’Etat, les théories ou Dieu au milieu de nos ébats ? Et de répondre sous forme de questions ; quel rapport notre sexe entretient-il avec notre genre en termes de sexualité et nudité ? Car cette dernière n’est plus jamais nue mais toujours inscrite dans un corpus limité de normes et un contexte situé le délimitant : la nudité renvoie au genre et non à un corps nu. Nous définissons notre corps-sexe par notre genre ainsi doté.es par la culture d’un « sexe féminin » ou « sexe masculin ». Dans cette reformulation, l’on comprend la concurrence inattendue que l’identité de genre dispute à l’identité sexuelle : tous deux sont des concepts d’une acception pas si opposée que cela si ce n’était les conflits instrumentalisant politiquement un clivage afin de pourvoir à une domination d’ensemble. Et ainsi, le transsexualisme devient-il pensable et conceptualisable, que lorsque la trans-sexualité, assez proche de la pan-sexualité, disparaît-elle du paysage ? Tout se passe alors comme si l’identité ne pouvait accéder à une légitimité et stabilité que lorsque la (sa ?) sexualité passe de l’espace public à l’espace privé, du corpus des normes à l’intériorisation cachée de celles-ci. On se rappellera ici utilement que notre culture ne définit pas le genre du corps intersexe, voire qu’il ne le définit même plus par un sexe mais par un état : des états intersexués. Une ultime exception ordonnée « en raison » par l’Occident à son propre régime ou ultime excision du corps non conforme ? « Nous savons que le corps s’est mis à signifier comme ça mais que nous pouvons le faire signifier autrement. Le genre peut être pensé comme les effets de certaines pratiques culturelles […]. Mais nous pouvons nous approprier ce processus et faire ce que nous voulons de notre sexe et du masculin et du féminin » Q comme Queer2. Le zoo renversait dans ses pratiques intersectionnelles les sujets discriminés en regards analysant, renvoyant le curieux au voyeurisme, le zoo en une fabrique d’une monstration évidée de son contexte pour faire surgir un « universalisme ». De fait, la nudité dans un tel contexte oblige à regarder de beaucoup plus près de quelle étoffe est faite la parole universitaire qui sait, se pare et expose ses diplômes, savoirs et paroles lestes d’une maitrise de son sujet. Comment croire qu’il n’y a pas de provocation dans une telle monstration ? Que ne veulent pas voir tous ses regards qui se fixent sur cette parole sachant en évitant la nudité tranquille de R. Borghi ? La pratique de notre nudité est terriblement normée et surtout, elle fait advenir le genre parce que son manque est criant et brusque dans un tel lieu. Un manque qui nous redit que le genre est l’expression de la totalité des effets des pratiques socioculturelles et pour cela, il est irrémédiablement politique car il est définitivement totalisant, cumulant dans son fonctionnement intégration d’un Même et oppression et rejet d’un Autre. Plus que jamais, en ôtant nos vêtements, nous n’ôtons jamais notre genre puisque celui-ci en définit l’enceinte sociopolitique et son intériorisation subjective. Nous ne pouvons distinguer le sexe du genre qu’en sortant du paradigme binaire collectif/individuel, Nous/eux. Plus que jamais cette enceinte traditionnellement définie dans le cadre social est interrogé et en bouscule les délimitations et barrières en faisant surgir les hiérarchies et inégalités d’accès et d’expression. La plage et nos jeux et vacances d’été en est sans nul doute l’expression sociale la plus aboutie. L’histoire de nos corps est désormais inséparable de l’histoire de nos normes. D’où il ressort qu’à tirailler l’un par l’autre, il en advient cette chose que nous appelons contemporainement « déconstruction » : reconstruire en ayant défait de qui avait été construit en produisant de l’exception et de l’exclusion.
Concluons : si dans la pornographie, la scène consistait à faire de la sexualité avec du sexe, le postporn consiste à faire de la sexualité et nudité avec du « Genre », c’est-à-dire des rapports inégaux de sexe transformés en rapports sociaux (de sexe). Plus encore, au sortir de l’atelier mixte drag-king proposé par R. Borghi, il n’y avait plus aucun doute pour tou.te.s les participant.es sur l’occupation spatiale dudit « espace public », étant en pratique une géopolitique masculine et non un espace neutre, ouvert à tou.te.s. Et ainsi de la nudité et sexualité exposées aux violences normatives dès lors qu’elles franchissement le Rubicon de la division si bien nommée « sociosexuelle ». Il s’ensuit que faire surgir le genre dans la graphie porno, au moment même où elle apparaît dans la nudité, c’est faire apparaître la violence des monstrations et normations. Aussi, est-il grand temps de parler de sexualités et non de sexualité, de Genre et non de genres.

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